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vendredi 27 décembre 2013

Un rapport et des chiffres à donner le cafard



Le monde de la psychiatrie déteste les chiffres, considérant que les patients ne peuvent être réduits à un numéro. Dans le rapport de la mission parlementaire, des chiffres, il y en a pourtant en pagaille. Et rien que de les énoncer, cela donne une image cruelle de la situation.


Tout d’abord, une personne sur quatre est susceptible de développer au cours de sa vie un trouble de santé mentale. En 2008, 1,3 million de patients de plus de 18 ans ont été pris en charge par le système de soins psychiatriques. Une analyse plus détaillée fait apparaître que 1% de la population française souffre de troubles schizophréniques et 2% de troubles de l’humeur.
En 2011, 280 000 patients ont été suivis en établissement de santé pour troubles dépressifs. Et chaque année, pour ne retenir qu’un volet, environ 200 000 personnes font une tentative de suicide : 11 000 en décèdent. En pédo-psychiatrie, 500 000 enfants sont suivis par an, un chiffre qui a doublé en quinze ans. «Le problème de l’enfant, c’est qu’il ne vient pas, il est conduit par d’autres, ce sont les autres qui le trouvent malade», note, avec perplexité, le professeur Bruno Falissard.
Délai. Les centres médico-psychologiques (CMP) sont des lieux de consultation, rattachés pour la plupart à des secteurs géographiques. Il y a 3 800 CMP sur le territoire français. Le maillage est donc important. Or, le délai d’attente pour un premier rendez-vous peut atteindre jusqu’à six mois, notamment en pédopsychiatrie. La Cour des comptes a cité un délai supérieur à un mois pour une première consultation dans 20% des secteurs de psychiatrie adulte, et dans 60% des secteurs de psychiatrie infanto-juvénile en 2003. En plus, les amplitudes horaires de ces centres sont limitées. La plupart étant fermés dès 18 heures et durant le week-end. Dans son rapport, le Haut Conseil de la santé publique relevait que beaucoup de ces CMP étaient difficiles d’accès, car éloignés des centres-villes.
Selon la Cour des comptes, au 1er janvier 2011, on dénombrait 13 645 psychiatres, dont 60,5% de salariés et 39,5% en exercice libéral mixte ou exclusif. Ce chiffre est passé à 14 401 psychiatres au 1er janvier 2012.
Le fait saillant est leur mauvaise répartition sur le territoire : s’agissant des psychiatres libéraux et mixtes, on recensait, en 2009, 21 professionnels pour 100 000 habitants en Gironde, contre 2 pour 100 000 en Vendée ! Quant aux psychiatres salariés, on constate un écart entre 27 professionnels pour 100 000 habitants à Paris, et 5 pour 100 000 en Indre. Enfin, 59% des psychiatres pour adultes ont 50 ans et plus.
Selon le docteur Vincent Girard, psychiatre à l’hôpital Sainte-Marguerite de Marseille, 20% environ des patients restent hospitalisés pour des raisons non médicales. Et le docteur Alain Mercuel de Sainte-Anne ajoute que «nombre de personnes sans domicile étaient hospitalisées faute de posséder un lieu de vie ou de pouvoir rejoindre une structure sociale ou médico-sociale».
Dans la prise en charge de la psychiatrie, les dépenses hospitalières, de l’ordre de 10,5 milliards d’euros, sont majoritaires, avec 47% des dépenses de santé mentale. Elles ont augmenté de 1,8% en moyenne par an de 2008 à 2012.
Malades. Pour les dépenses dites ambulatoires, qui comprennent aussi bien le remboursement de médicaments (2,9 milliards d’euros) que le versement d’indemnités journalières (2,6 milliards), elles représentent au total 9,8 milliards d’euros, soit 43% des dépenses de santé mentale. En moyenne, elles ont progressé, entre 2005 et 2011, de 4,9%par an.
Concernant les malades, selon plusieurs travaux, la mission note que 30% des schizophrènes vont se rétablir dans les cinq ans, 30% dans les vingt-cinq ans, alors que 30% ne se rétablissent pas. On ignore le sort des 10% restants.


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