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mercredi 25 décembre 2013

L'hôpital ne doit pas rater son entrée dans l'ère numérique

Le Monde.fr Par 
Selon le rapport " Innovation 2030 " de la commission présidée par Anne Lauvergeon, la médecine personnalisée a été identifiée comme un des sept leviers de croissance. " La manière de se soigner en 2025 sera très différente de ce que nous connaissons. Ainsi, il est d'ores et déjà acquis que la médecine saura personnaliser son diagnostic en fonction des caractéristiques propres de chaque individu et notamment de son génome. Elle pourra adapter les modalités d'interventions médicamenteuses ou chirurgicales aux spécificités de chaque patient, diminuant ainsi le coût des soins à l'échelle d'une société. "
Son projet est complémentaire de celui d'Arnaud Montebourg.
La médecine personnalisée dont il est question ici, est en réalité une " médecine de précision " qui va nécessiter l'exploitation de données structurées d'un volume sans précédent dans l'histoire médicale.
L'infrastructure du " Big Data " est désormais indispensable pour réaliser les profilages génétiques et faire évoluer les registres traditionnels afin de rechercher systématiquement des corrélations entre le patrimoine génétique (le génotype) et l'expression de certaines maladies à commencer par le cancer (le phénotype).

L'EXCELLENCE FRANÇAISE
Les chercheurs ont besoin de données épidémiologiques, cliniques et de celles issues de la recherche, et ce pour une population beaucoup plus importante que dans le cadre " traditionnel " des essais cliniques pré-génomiques.
Après l'effondrement du coût du séquençage, l'enjeu majeur est désormais dans la capacité à collecter et exploiter les données. Anne Lauvergeon mentionne à juste titre l'excellence de l'école française de mathématique, citons également le très haut niveau de la médecine clinique, une recherche médicale de pointe et l'existence d'une organisation nationale soutenue par les plans cancer successifs.
Mais cette nouvelle approche, au croisement de l'informatique et de la médecine, implique désormais de faire rapidement porter les efforts sur l'infrastructure et les ressources informatiques.
Les Systèmes d'information de santé actuels ne sont pas conçus pour gérer seuls ce type de données et il est indispensable de procéder à leur adaptation et de garantir une meilleure interopérabilité afin d'organiser le stockage et l'exploitation des données à grande échelle.
NOUVEAUX CURSUS DE FORMATION
Cette (r)évolution intervient alors la plupart des pays sont encore dans la phase d'informatisation des dossiers médicaux, diffusés à des degrés variables dans le monde.
Aux Etats-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, en Australie ou encore en Hollande, pour ne citer que ces pays pour qui les données sont récemment devenues accessibles, de grands programmes nationaux ont été accompagnés de nouveaux cursus de formation pour viser la disponibilité d'un personnel multidisciplinaire dédié à l'informatique de santé.
L'adaptation des ressources humaines est considérée comme indispensable à la réussite des grands projets, elle peut également servir de révélateur pour évaluer le niveau réel d'engagement d'un pays. Dans les pays ayant récemment accéléré leur transition vers le numérique de santé, pour l'hôpital, le ratio de personnel informatique est de 2 %, soit un spécialiste de l'IT pour 50 hospitaliers.
En France, le ratio se situe actuellement à 0,4% et la France figure parmi un groupe de pays "retardataires" se situant dans une fourchette de 0,4% à 0,8 %. Exprimé en chiffre brut, ces écarts se traduisent en dizaines de milliers d'emploi, par exemple 25000 en Angleterre contre 5000 en France.
25e PLACE SUR 30 PAYS DU CONTINENT EUROPÉEN
D'autres indicateurs, tel que le taux des hôpitaux raccordés aux réseaux haut débit (>100Mbps) tendent également à démontrer que notre pays est en train de prendre du retard. Sur ce dernier critère, selon la Commission Européenne et l'OCDE, la France a été classé à la 25e place sur 30 pays du continent européen.
Sans engagement véritable, le système de santé français est confronté au risque d'une fracture numérique en eSanté. Il s'agissait déjà de compter sur l'informatique de santé pour ses effets bien documentés en matière de qualité et de sécurité, notamment parce qu'elle est indispensable pour une meilleure coordination des soins.

Il s'agit désormais de créer un environnement adapté au nouveau paradigme introduit par la génomique. Cette problématique est encore trop mal cernée en France et un sursaut semble indispensable afin de garantir le maintien de la qualité du système de santé français tout en cherchant à maitriser les dépenses de santé, promouvoir la recherche, et miser sur l'innovation et la compétitivité.

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