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mardi 19 novembre 2013

Beaucoup plus des morts accidentelles pour les malades mentaux

18/11/2013

S’il est établi que les divers accidents constituent une cause essentielle d’invalidité et de mortalité dans tous les pays (en tuant près de 5 millions de personnes chaque année dans le monde), les connaissances disponibles demeurent en revanche modestes, à propos des risques de mort accidentelle chez les malades mentaux.

Réalisée entre 2001 et 2008 sur l’ensemble des adultes de Suède (près de 7 millions de personnes), une étude de cohorte vient éclairer ce sujet. Elle recense 22 419 morts accidentelles dans la population totale (soit 0,3 %), incluant 5 933 décès accidentels (0,9 %) et 3 731 suicides (0,6 %) parmi les malades mentaux (649 051 personnes). Dans le groupe des personnes mortes de manière accidentelle, 26 % relevaient d’un diagnostic psychiatrique connu, contre seulement 9,4 % dans la population générale (soit presque le triple). Le risque de décès accidentel s’est révélé quatre à sept fois plus élevé chez les sujets avec des troubles de la personnalité, six à sept fois supérieur parmi les personnes démentes, et deux à quatre fois supérieur chez les patients schizophrènes, bipolaires, dépressifs ou atteints de troubles anxieux, sans que cette majoration du risque ne puisse être expliquée totalement par une consommation concomitante de substances toxiques (alcool, drogues).
Pour différents types de morts accidentelles (en particulier pour les empoisonnements ou les chutes), certaines « associations marquées » ont été observées.


Les auteurs estiment que l’ensemble des troubles mentaux constituent « d’importants facteurs de risque » en matière de mort accidentelle. Et contrairement à ce qu’on pouvait imaginer a priori, ce type de décès se montre même « beaucoup plus fréquent» que le suicide. Cependant, on considère parfois que certains décès accidentels pourraient avoir valeur d’équivalents suicidaires, consécutifs à une prise de risque irréfléchie, d’où la difficulté à distinguer la part consciente et volontaire de la part inconsciente et involontaire, dans certaines circonstances aboutissant à une mort violente. On connaît l’opinion de Freud (dans Considérations actuelles sur la guerre et sur la mort) : « Nous insistons toujours sur le caractère occasionnel de la mort : accident, maladie, infection, profonde vieillesse, révélant ainsi nettement notre tendance à dépouiller la mort de tout caractère de nécessité, à en faire un événement purement accidentel. »

Dr Alain Cohen

Crump C et coll.: Mental disorders and risk of accidental death. Br J Psychiatry, 2013; 203: 297–302.

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