blogspot counter

Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 15 septembre 2013

Tous plus ou moins paranoïaques ?

Publié le 13/08/2013


Ayant notamment attiré l’attention de Jacques Lacan, dès sa thèse de médecine en 1932 (intitulée « De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité [1] »), la psychose paranoïaque suscite peu de publications dans la presse psychiatrique anglophone. Lacune comblée par une récente étude britannique suggérant l’existence d’un « continuum » entre les idées normales et certains délires psychotiques qui pourraient « s’appuyer sur des préoccupations communes. » Le discours paranoïaque serait ainsi « répandu et hiérarchisé dans la population générale » et les idées de persécution s’enracineraient dans des « intuitions communes de méfiance, une sensibilité interpersonnelle, et des idées reçues ».

Dans le cadre d’une enquête nationale (britannique) sur la morbidité psychiatrique portant sur 8 580 sujets, les auteurs ont évalué la structure de la paranoïa dans la population générale pour « différents types d’idéations paranoïaques » allant en fréquence « de moins de 2 % à près de 30 %. »

Quatre facteurs sont retenus (sensibilité interpersonnelle, méfiance, idées de référence, idées de persécution) permettant (après analyse des questionnaires) d’envisager quatre classes d’individus :
–une cl asse (peu nombreuse) de sujets « sévèrement » concernés par toute la thématique paranoïaque, en particulier les idées de persécution ;
–un groupe d’individus « quasi normaux », sans idée de persécution, mais avec une tendance occasionnelle à la suspicion, à la sensibilité interpersonnelle et aux idées reçues ;
–et entre ces deux groupes, deux classes intermédiaires, caractérisées respectivement par une fréquence assez élevée d’éléments relatifs à la méfiance et aux idées reçues.


Les auteurs estiment que l’existence d’un continuum entre paranoïa et normalité présente « des répercussions sur l’étiologie, les mécanismes et le traitement des troubles psychotiques », tout en confirmant « l’absence d’une distinction franche entre processus normaux et pathologiques. »


Dr Alain Cohen

Bebbington PE et coll.: The structure of paranoia in the general population. Br J Psychiatry 2013 ; 202 : 419–427.

Aucun commentaire: