blogspot counter

Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 9 avril 2013

Pas d’égalité des soins pour les malades mentaux souffrant d’une pathologie organique
Publié le 28/03/2013

Issue d’une collaboration entre des praticiens exerçant au Royaume-Uni ou en Nouvelle-Zélande, une étude a cherché à savoir si les patients atteints de maladie mentale bénéficient toujours des mêmes prescriptions que tout un chacun lorsqu’ils souffrent d’une maladie somatique. Autrement dit, sans langue de bois : les « fous » sont-ils aussi ou moins bien soignés que les autres ?

Les chercheurs se sont donc efforcés de « quantifier des différences possibles » dans les prescriptions médicamenteuses pour des sujets avec ou sans problématique psychiatrique associée. À partir de 61 études comparatives émanant de 23 publications, cette méta-analyse confronte, chez près de deux millions de personnes, les habitudes de prescriptions concernant 12 classes de médicaments (contre diverses pathologies organiques comme les maladies cardiovasculaires, le diabète, les cancers, les affections rhumatologiques, le SIDA…), en fonction de l’association éventuelle à une « maladie mentale sévère. »
Les conclusions des auteurs terrassent le mythe de l’égalité des soins puisque le rapport des chances (odds ratio OR) en termes de « prescriptions équitables » est concrètement défavorable pour les malades mentaux : OR = 0,74 ; intervalle de confiance à 95 % : 0,63–0,86. Avec notamment, précisent les auteurs, « des prescriptions plus modestes » qu’on ne l’aurait attendu pour le traitement de l’hypercholestérolémie (statines) et de l’hypertension artérielle (bêtabloquants, sartans [antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II], inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine).
Globalement, les sujets souffrant d’une maladie mentale « reçoivent des posologies plus faibles pour plusieurs médicaments courants », surtout en matière d’affections cardiovasculaires. Cependant, des travaux ultérieurs s’avèrent nécessaires pour préciser « dans quelle mesure ce phénomène dépend d’une intention » délibérée du prescripteur. On peut se demander notamment s’il s’agit pour celui-ci d’une application excessive du principe de précaution, par crainte d’interactions médicamenteuses avec des psychotropes, ou d’un mésusage des médicaments par certains malades mentaux ? Ou, plus gravement, d’une sorte de ségrégation inconsciente des malades mentaux qui ne « mériteraient pas » les mêmes attentions thérapeutiques que les autres ?

Dr Alain Cohen

Mitchell AJ et coll. : Differences in the prescribing of medication for physical disorders in individuals with v. without mental illness: meta-analysis. Br J Psychiatry, 2012; 201: 435–443.





Aucun commentaire: