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mardi 26 février 2013

LES NOUVELLES DROGUES DE SYNTHÈSE


Les structures moléculaires des nouvelles drogues copient celles des amphétamines, de la cocaïne et du cannabis. Leur chimie leur permet de contourner la loi et d’être accessibles sur Internet.

Selon le dix-septième rapport de l’Observatoire européen des toxicomanies, (OEDT), l’Europe est confrontée à un nombre croissant de nouvelles drogues de synthèse en poudre et en comprimés apparues depuis 2008.

Si le cannabis et la cocaïne restent aujourd’hui les drogues illicites les plus consommées en Europe (bien que l’on note une baisse d’attractivité pour la seconde), elles se trouvent désormais concurrencées par ces « nouveaux produits » qui imitent les effets de l’ecstasy, des amphétamines ou de la cocaïne. Leurs structures moléculaires copient celles de l’amphétamine, du tétra-hydro-cannabinol (THC) ou de la cocaïne, sans être tout à fait identiques aux modèles. Cette spécificité leur permet de contourner la législation sur les stupéfiants, ces produits n’étant pas classés comme tels lorsqu’ils apparaissent.

Depuis l’année 2008, une cinquantaine de nouvelles substances ont ainsi été identifiées en France. Nous nous bornerons à détailler ici les familles de produits le plus souvent rencontrées.

LES PHÉNÉTHYLAMINES

Leur structure biochimique se décline autour du modèle des molécules emblématiques de cette famille : la MDMA (3,4-méthylène-dioxy-N-méthylamphétamine) ou ecstasy, l’amphétamine et le 2C-B (drogue hallucinogène psychédélique dont le nom chimique est 4-bromo-2,5-diméthoxyphénéthylamine).

Ils agissent sur les mêmes récepteurs du système nerveux central que le MDMA et les amphétamines.

Dans les années 1980-1990, ces produits ont été obtenus en modifiant certaines parties de la phénéthylamine.

Diffusion-présentation

Ils sont vendus sur Internet et à travers des circuits de revente parallèles en milieu festif (boîtes de nuit, raves parties, festivals de musique). Initialement vendus sous le nom de produits plus connus (MDMA) ils ont commencé à être proposés en France à partir de 2011 sous d’autres noms et sous forme de comprimés.

Consommation

Lors des festivals de musique, des raves-parties, dans le milieu festif. Il s’agit surtout de consommateurs appartenant à une tranche d’âge comprise entre 17 et 30 ans. La consommation au début limitée aux milieux technos s’est progressivement banalisée chez les jeunes lors de leurs sorties.

Les effets et les risques

Ce sont des euphorisants, des psychostimulants, des produits empathogènes (qui augmentent l’empathie et favorisent le contact). En revanche, ils exercent un effet plutôt inhibiteur au niveau sexuel.

Ils comportent plusieurs risques. Ils favorisent tout d’abord la consommation d’autres drogues car le phénomène de « redescente » (dépression apparaissant après l’effet stimulant) est souvent calmé à l’aide d’héroïne, d’alcool ou de cannabis. Ils peuvent également donner lieu à des « bad trips » : épisodes d’anxiété aigus, voire, plus rarement, à des moments psychotiques. Un phénomène d’épuisement physique a aussi été décrit avec parfois une déshydratation importante, une hyperthermie. Cet état peut, de façon exceptionnelle, provoquer des défaillances cardiaques.

LES CATHINONES
Leur substance initale, la cathinone, est extraite de la plante khat, utilisée depuis longtemps par les communautés originaires d’Éthiopie et de Somalie à des fins récréatives et anxiolytiques.

Ces drogues ont été obtenues en modifiant certaines parties de la cathinone dans les années 2000.

Leur chef de file est la méphédrone.

Cette famille regroupe plus de la moitié des nouveaux produits de synthèse aux effets stimulants repérés depuis 2008.

Diffusion-présentation

Ils sont essentiellement vendus sur Internet. La méphédrone est une drogue de synthèse en vente libre sur la toile à un tarif assez bas. Ses effets sont proches de la cocaïne ou l’ecstasy. On trouve généralement ces produits sous forme de poudre blanche ou brune avec un degré de pureté élevée.

Consommation

On peut les ingérer ou les injecter. Ils sont, sous forme injectée, consommés notamment dans la communauté gay dans le cadre de pratiques sexuelles pour leurs effets psychostimulants (cette pratique est appelée « slam »). Ils sont parfois pris conjointement avec les IPDE-5 (type sildénafil). Les consommateurs ont, en moyenne, entre trente et cinquante ans.

Les effets, les risques

Ce sont des produits psychostimulants qui augmentent l’éveil la vigilance, le désir sexuel et sont anorexigènes.

Les risques ne sont pas encore bien identifiés. Ils sont liés à l’injection, à l’épuisement psychique et physique. En effet, ces injections se pratiquent par « sessions » : pendant une nuit entière ou pendant plusieurs jours, dans un contexte sexuel. Une fois la dépendance psychique installée, l’usage des cathinones peut avoir lieu hors de tout contexte sexuel, de façon autonome, un peu sur le mode de l’intoxication à la cocaïne. Des effets psychiques de type paranoïdes, des effets cardio-vasculaires, peuvent alors se manifester…
Ces produits peuvent également provoquer un état d’épuisement physiologique avec perte de poids importante.

LES DÉRIVÉS SYNTHÉTIQUES DE LA COCAÏNE

Ils ont été initialement développés dans le cadre de la recherche médicale. C’est par exemple le cas de la 4-fluorocaïne et de la 2-hydroxycocaïne. Certains de ces dérivés comme la 4-fluorotropacocaïne possèdent une structure très proche de la cocaïne. D’autres (lidocaïne, diméthocaïne...) s’en éloignent légèrement et ont peu de propriétés psychoactives.

Diffusion, présentation

Ils sont disponibles dans certains sites de vente en ligne en tant que « Research chemicals ».

Consommation

Le mode de consommation est le sniff. Il existe très peu d’informations sur les consommations. Des produits comme la lidocaïne ou la procaïne sont surtout utilisés pour couper ou diluer la cocaïne. La lidocaïne est parfois prise pour ses effets intrinsèques dans le cadre d’un usage récréatif. Les usagers l’emploient alors pour son effet « stimulant léger, différent des amphétamines ».

Les effets, les risques

Les premiers effets indésirables constatés pour la lidocaïne, sont d’ordre neurologique : nervosité, tremblements, logorrhée, voire convulsions. Sur le plan cardiaque, les premiers signes d’intoxication sont une tachycardie, puis une dépression cardiovasculaire, des troubles du rythme pouvant conduire à l’arrêt cardiaque.

LES CANNABINOÏDES SYNTHÉTIQUES


Ce sont des agonistes des récepteurs au tétrahydrocannabinol, Ces produits sont 
fonctionnellement similaires au principe actif du cannabis. Ils possèdent une affinité au récepteur du tétrahydrocannabinol généralement supérieure au tétrahydrocannabinol lui-même, ce qui se traduit par des effets plus puissants. Cette affinité peut être deux fois supérieure (c’est le cas des CP47,497, C6), quatre fois supérieure ( c’est le cas du JWH 018) voire 200 fois supérieure (c’est le cas du HU-210).
Ils ont été développés au cours des quarante dernières années dans le domaine de la recherche médicale, essentiellement en vue du traitement de la douleur. On en dénombre une vingtaine en Europe. Cinq ont été répertoriés sur le territoire français.

Diffusion présentation

Ils sont vendus sur Internet. Ils peuvent être présentés sous forme de plantes à fumer, d’encens, de sels de bains, etc. Les plus connus sont dénommés « Spice » (Spice gold, silver).

Consommation

Ils sont fumés ou ingérés en infusion. Il existe peu d’informations sur les consommations. Ces produits ne sont pas cités spontanément dans les enquêtes sur les consommations de drogue en milieu général, ni dans les enquêtes sur les populations fréquentant les structures d’accueil et de soins pour toxicomanes. Les sites qui les vendent s’adressent parfois explicitement, à travers leurs messages publicitaires, à un jeune public.

Les effets, les risques

Ces produits favorisent le bien-être, la détente , la socialisation, l’introspection, le fou rire.
Ils provoquent des changements des perceptions et de la pensée, ainsi que de la créativité. Ils induisent également une stimulation de l’appétit.

Les effets secondaires présentés sont une sécheresse de la bouche, des yeux rouges ainsi que des maux de tête, des étourdissements, des nausées, des vomissements. Ils peuvent également augmenter le rythme cardiaque, provoquer des palpitations. On constate une diminution de l’attention et des réflexes avec somnolence. Des épisodes d’anxiété et de confusion peuvent survenir et s’intensifier jusqu’à la paranoïa, ou à l’attaque de panique. À dose importante ou chez une personne vulnérable psychologiquement, il existe un risque de psychose toxique.

À plus long terme, ces produits, présentent un potentiel de dépendance, une consommation régulière pouvant entraîner une tolérance. On sait aussi qu’un usage régulier peut déboucher sur une toux chronique, des dommages aux poumons et à la gorgeainsi qu’affecter la motivation, la mémoire, le niveau d’énergie et l’humeur.
Dr Alain Dorra (rédacteur) avec le Dr Laurent Michel (directeur du centre de Soins d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) Pierre Nicole. 27 rue Pierre Nicole . 75005 Paris). Correspondance : fmc@legeneraliste.fr
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