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samedi 16 février 2013

LE REPÉRAGE DES VICTIMES DE VIOLENCES CONJUGALES


Il existe un sous-repérage en médecine générale des violences faites aux femmes. Le lien entre des tableaux symptomatiques peu spécifiques et la violence n’est pas souvent fait. Les femmes victimes sont demandeuses d’un repérage systématique de la part de leur médecin traitant.

Comment repère-t-on les femmes victimes de violences conjugales en consultation ? L’absence de formations et de nombreux a priori sur les violences et sur les femmes constituent des obstacles à ce repérage alors que des questions simples directes peuvent nous aider simplement à le faire. Les tableaux cliniques sont nombreux, peuvent faire écrans et masquer les souffrances des femmes victimes de violences. Un travail de thèse récent réalisé par le Dr Maguy Woimant (département de médecine générale, faculté de Médecine Paris VI), présenté au dernier congrès de Médecine Générale (juin 2012, Nice), a permis d’en savoir plus sur la pratique des généralistes.

MÉTHODE

Cette étude avait pour objectif d’étudier les modalités de repérage et de suivi par les médecins généralistes des femmes victimes de violences ; ainsi que de relever les tableaux cliniques présentés par ces femmes reçues en consultation. Dans un second temps, ce travail a consisté à lister, auprès des femmes accueillies dans une association spécialisée, les motifs de consultations et les modalités de repérage par leur médecin traitant.
Pour le volet « médecins », il s'agissait d'une étude qualitative avec 20 entretiens semi-dirigés. Pour le volet « femmes », l'étude était descriptive : 20 femmes recrutées dans le cadre d'une association « SOS femmes 93 » ont été interrogées en octobre 2010.
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RÉSULTATS

Très peu de médecins avaient suivi ou repéré des femmes victimes de violence dans leur patientèle au cours l’année passée. Les deux tiers des médecins interrogés n’avaient pas rencontré de femmes victimes de violences dans l’année qui précédait.

› L’enquête a révélé que les médecins ont une bonne connaissance des tableaux cliniques que peuvent présenter les femmes victimes de violences, notamment de certains tableaux écrans.

Les manifestations cliniques rapportées étaient variées, peu spécifiques et entrent toutes dans le champ de la médecine générale. Les tableaux le plus souvent décrits sont des tableaux de syndromes dépressifs, de troubles anxieux et de troubles du sommeil. Mais le tableau le plus spécifique de stress post-traumatiques n’était quasiment pas rapporté.

› Il y a manifestement une sous-évaluation notable des femmes victimes de violences, en raison des difficultés qu’ont les médecins de poser simplement les questions : « Avez-vous été victimes de violences psychologiques, physiques, sexuelles de la part de votre conjoint ou ex-conjoint ? »

Les nombreuses études de repérages réalisées depuis près de 10 ans en consultation médicale à l’aide de ces trois questions révèlent des chiffres importants :

- plus d’une femme sur deux déclare avoir subi des violences psychologiques ou verbales,

- plus d’une femme sur trois déclare avoir subi des violences physiques,

- près d’une femme sur cinq déclare avoir subi des violences sexuelles.

› 85 % des femmes interrogées auraient souhaité que la question des violences leur soit posée par leur médecin traitant. Dans l’échantillon des 20 médecins interrogés, ceux qui repèrent les femmes victimes, ont posé clairement la question des violences. Les médecins qui ont repéré les femmes victimes de violences sont ceux qui ont bénéficié d’une formation sur les violences.

›En dehors de situations évidentes de demandes de certificat par la patiente, ou de blessures visibles, il nous faut questionner nos patientes de façon systématique. En l’absence de questionnement systématique, « faute de pouvoir parler en confiance à leur médecin, de pouvoir mettre des mots sur leur souffrance, du fait de la honte, le sentiment de culpabilité et la peur c’est le corps des patientes qui parle. »
Dr Jean-Pierre Rageau (rédacteur) d'après une interview du Dr Gilles Lazimi et de la thèse du Dr Maguy Woimant, présentée au dernier congrès de Médecine Générale (juin 2012, Nice), Correspondance : fmc@legeneraliste.fr

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