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samedi 16 février 2013

Contre la récidive, des alternatives à la prison

LE MONDE | 
 De tout temps, la prison a eu pour vocation de punir délinquants et criminels, d'en protéger la société et, en théorie, de conduire les coupables à s'amender. L'incarcération est ainsi devenue, en France, l'unique réponse pénale, ou presque, pour tous les délinquants.
Depuis dix ans, à l'initiative des gouvernements de droite, cette politique répressive a été poussée aussi loin que possible : de nombreuses lois ont accru la sévérité de la politique pénale et rempli les prisons.
L'ambition, légitime, était de dissuader la délinquance et d'éviter la récidive. Le résultat est à l'opposé : la surpopulation carcérale, dans des conditions souvent lamentables, est plus nombreuse que jamais (66 572 personnes incarcérées au 1er janvier, pour 56 992 places de prison). Pis, la récidive a continué d'augmenter entre 2002 et 2010, et le risque de récidive est nettement plus élevé pour les anciens détenus (80 %) n'ayant obtenu ni suivi ni aménagement de peine. Enfin, la prison coûte beaucoup plus cher à la collectivité que les peines alternatives (semi-liberté, bracelet électronique...).
Bref, inefficace et coûteuse, la politique menée pendant dix ans est un échec. Que faire ? C'est tout l'intérêt de la "conférence de consensus" sur la prévention de la récidive, installée en septembre 2012 par la ministre de la justice, et dont les conclusions, ces jours-ci, serviront de canevas à la loi pénale préparée par le gouvernement.
Le constat dressé depuis six mois est indiscutable : les mesures alternatives protègent mieux de la récidive que la prison. En outre, les exemples canadiens ou scandinaves démontrent qu'entre l'amende et la prison, des peines de "probation", assorties d'obligations et d'un suivi précis, sont beaucoup mieux adaptées pour de nombreux délinquants. Personne ne prétend que de tels dispositifs feront disparaître la récidive ; tout démontre cependant qu'ils sont de nature à la freiner sérieusement.
A deux conditions. D'une part, de mettre en place un système de suivi digne de ce nom et renforcer, en particulier, le nombre et les moyens des actuels conseillers de prévention et de probation. D'autre part, d'assumer le risque politique d'une telle philosophie, dans un pays habitué depuis des lustres à penser que la prison est la seule réponse à la délinquance.
Longtemps, la gauche a été soupçonnée ou accusée de laxisme en la matière. L'occasion lui est donnée de démontrer qu'elle saura être pragmatique, responsable et efficace. La garde des sceaux, Christiane Taubira, entend porter cette ambition. Elle a raison.

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