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mardi 5 février 2013

CHU de Grenoble : les urgentistes menacent de démissionner en bloc

« Stop à une maltraitanceinstitutionnelle organisée » : les médecins urgentistes duCHU de Grenobledénoncent, dans un courrier adressé à leur direction, un« manque flagrant de moyens » pour assurer la sécurité des malades. Ils menacent de démissionner à la mi-février si leurs revendications ne sont pas satisfaites.


Le Dr Perrine Dumanoir est l’un des 21 médecins signataires du courrier (sur un total de 23). Elle explique que les revendications sont anciennes : « Nous avons déjà écrit à notre direction et à notre assureur en 2009, mais nous n’avions pas obtenu de réponse. »

24 heures sur des brancards

Les urgences médicales du CHU de Grenoble enregistrent 70 entrées par jour. Les lits d’aval manquent, le temps à passer au chevet du malade également. « Des personnes âgées polypathologiques restent plus de 24 heures sur des brancards, expose le Dr DumanoirNous nous battons pour la dignité de l’accueil de nos patients ». La salle d’attente où stationnent les patients, exiguë, sans fenêtre, fait « honte »aux professionnels de santé.
Des solutions sont testées par le CHU grenoblois pour désengorger les urgences : ouverture de lits dans les couloirs des services d’hospitalisation, médicalisation de lits chirurgicaux. Pour les urgentistes, cela n’est pas satisfaisant. Le Dr Dumanoir reprend : « Nous demandons l’ouverture de lits d’aval pérennes consacrés aux urgences - on nous en propose six, c’est largement insuffisant -, ainsi que la création d’une ligne de garde supplémentaire pour les urgences médicales nocturnes ».
Les urgentistes seront reçus mercredi matin par la direction du CHU. Se sentent-ils soutenus par le reste de la communauté médicale ? « Pas vraiment. Pour le moment, nous n’avons pas de retour des autres praticiens », note le Dr Dumanoir.

Fluidifier l’aval des urgences

Le président de la CME du CHU de Grenoble, le Pr Luc Barret, conteste cette présentation des faits. « Nous sommes à l’écoute des urgentistes, et conscients de leurs problèmes, dit-il. Le bâtiment des urgences a 40 ans d’âge, les conditions de travail n’y sont pas bonnes ». Comme bon nombre d’hôpitaux, le CHU de Grenoble doit fluidifier l’aval de ses urgences sans perturber trop la filière programmée : « C’est la quadrature du cercle », résume le Pr Barret.
Les attentes du président de CME ? Une meilleure répartition des urgences par la régulation (« On a l’impression que les personnes âgées sont d’abord proposées au CHU »), et le déblocage d’un financement pour rénover le parc hospitalier, vieillissant. « Nous avons raté le coche du plan Hôpital 2012. Avec 410 millions d’endettement pour un budget annuel de 580 millions d’euros, le CHU n’a pas les moyens d’investir sur ses fonds propres. Les urgences figurent dans le planning de rénovation. Mais il manque l’argent ». L’ouverture d’une ligne de garde supplémentaire, il n’y tient pas : « Cela veut dire recruter quatre PH à temps plein, et les payerQuand on nous annonce une baisse de nos tarifs, on marche sur la tête ».

« Dialogue ouvert », promet la directrice

Le CHU de Grenoble vient tout juste de changer de pilote. À peine installée dans ses nouvelles fonctions, la directrice générale a trouvé le courrier des urgentistes sur son bureau. Première crise, premier plan de communication : « J’ai rencontré les urgentistes, le dialogue est ouvert, expose Jacqueline Hubert. Nous entendons leurs demandes, et nous allons leur faire des propositions. Avec le pic hivernal, il y a eu des journées très chargées. Nous ferons un plan d’action. Nous sommes vigilants. Les urgences font 30 % de nos admissions : c’est un secteur très important ».
› DELPHINE CHARDON
 28/01/2013

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