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mardi 11 décembre 2012

Des maths pour la psy ?
Publié le 05/12/2012
Malgré les progrès thérapeutiques, les troubles mentaux demeurent « les principales affections chroniques chez les jeunes », déplore Ian Goodyer, professeur de psychiatrie infanto-juvénile à l’Université de Cambridge (Royaume-Uni). Pour progresser en la matière, il lui paraît « essentiel d’améliorer désormais la validité de la psychiatrie descriptive », une mission à laquelle devraient concourir des « approches mathématiques » pouvant apporter une meilleure « caractérisation des phénotypes cliniques » et une contribution « à la fois à la recherche des causes et des solutions thérapeutiques. »
Les modèles mathématiques sont déjà « largement utilisés » dans maints domaines de la biologie, mais encore peu mobilisés pour « la classification des maladies mentales et des syndromes comportementaux. » Leur finalité serait d’aider à construire « une meilleure taxonomie clinique », au service des connaissances étiologiques et des avancées thérapeutiques. Le principe de ces modèles consiste à procéder à une analyse statistique des données (venues de la clinique ou d’examens complémentaires, comme les investigations génétiques) pour s’assurer que le regroupement des informations permet « une représentation optimale » de la maladie considérée dans un système nosographique.

L’auteur résume l’apport d’un modèle mathématique par ces deux étapes : d’abord, des techniques d’analyse factorielle permettent d’apprécier « la variance partagée existant entre les symptômes » (reflétant leurs dispersions ou leurs chevauchements éventuels) ; ensuite, le modèle doit « révéler l’importance de « chaque symptôme localement indépendant » sur une variable sous-jacente. Des apports de modèles mathématiques à la psychiatrie sont fournis par la « théorie des réponses aux items » (item response theory, ou latent trait analysis)[1] et par l’analyse de classe latente

(latent class analysis)[2] centrée « sur des personnes plutôt que sur des variables » et permettant, résume l’auteur d’une thèse évoquant ce sujet[3], de « modéliser l’hétérogénéité des données en classant les individus dans des profils-types, chacun représentant une constellation particulière de problèmes de santé. »

Ian Goodyer cite des exemples concrets de connaissances des pathologies affinées grâce à l’analyse de classe latente : chez des patients âgés souffrant de dépression, cette méthode a révélé que « le symptôme de découragement est un mauvais indicateur des sous-types cliniques » (de dépression tardive) ; et une étude longitudinale des adultes déprimés a montré l’existence de « multiples classes latentes », avec cinq types de trajectoires, « au lieu des trois types proposés dans la classification du DSM » actuellement. Par l’apport d’une rigueur et d’une objectivité accrues dans l’analyse des symptômes, cette valorisation des modèles mathématiques en psychiatrie contribuerait donc, estime l’auteur, à une « reformulation de la taxonomie clinique pour les praticiens et à une meilleure prise de décision thérapeutique pour les patients. »

Dr Alain Cohen

Goodyer IM : Mathematical models as an aid for improving the validity of descriptive
Psychiatry. Br J Psychiatry, 2012; 201: 335–336.

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