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mercredi 21 novembre 2012

COMBIEN D’HEURES POUR UNE PRÉVENTION IDÉALE ?

Le temps de consultation semble un obstacle à la réalisation d’actes de prévention. Une thèse de médecine générale a évalué le temps à consacrer à cette tâche sur 25 soins de prévention.
Quelle charge de travail devrait représenter aujourd’hui les actes de prévention en soins primaires ? C’est à cette évaluation que s’est attelée le Dr Julie Rosso dans une thèse qu’elle a soutenue en 2011 et dont elle a présenté les résultats au dernier Congrès de la Médecine Générale (juin 2012, Nice). Un constat : trop peu de soins préventifs sont aujourd’hui réalisés par les médecins généralistes par rapport aux nombreuses recommandations délivrées dans le domaine de la prévention par les organismes officiels de santé (Haute Autorité de Santé, Institut National de Prévention et d’Éducation à la Santé…). Parmi ces recommandations : dépistage du cancer du sein, du cancer du côlon, de l’ostéoporose, des grossesses non désirées, des infections sexuellement transmissibles, des maladies cardio-vasculaires… Dans sa thèse, ce sont au total 25 soins de prévention qui ont été retenus pour leur haut niveau de preuve d’efficience. Centré sur les patients adultes, ce travail évalue le temps théorique annuel nécessaire à la réalisation de ces soins de prévention et le compare au temps de diagnostic et de soins proprement dit.

MÉTHODE

Pour le calcul du temps théorique annuel de soins de prévention, ce travail est parti des recommandations françaises mais aussi américaines et australiennes. Pour chaque médecin, une patientèle moyenne de 1 000 patients vus par an a été retenue, avec la fréquence de réalisation recommandée et le temps nécessaire pour chacun soin de prévention. Exemple : dépistage du cancer du sein, femmes après 50 ans, une mammographie tous les deux ans, temps de prescription une minute. Le temps de l’ensemble des 25 soins de prévention théoriquement nécessaires est additionné pour donner le temps théorique de soins de prévention annuel pour les adultes qui consultent.
› Pour évaluer ce qui se fait aujourd’hui au quotidien dans les cabinets de médecine générale, des données de l’étude Prev Quanti 2010 concernant les actes de prévention de plus de 3 500 patients ont été reprises. 52 praticiens franciliens sont inclus dans cette étude, pour chacun d'entre eux, 70 patients pris d'une manière aléatoire pour évaluer les actes de prévention dont ils ont bénéficié.

RÉSULTATS

Le temps théorique annuel de prévention pour les 25 item retenus est de 250 heures pour les patients adultes d'un médecin généraliste.
Si un médecin généraliste réalisait, comme recommandé, tous les soins préventifs à destination de ses patients, cela représenterait en moyenne pour tous ses patients 44,3 % du temps de soin disponible.
Mais selon l'étude Prev Quanti 2010, 27,5 % des patients ne consultent qu'une fois par an et 17,8 % ne consultent quasiment jamais leur médecin traitant.
Selon une autre étude (Rafferty M. Prevention services in primary care: taking time, setting priorities. West J med. 1998), dans l'exercice quotidien les médecins ne passent que 11 % de leur temps de soin à réaliser les actes de prévention.

CONCLUSIONS

Les objectifs de prévention ne sont pas atteints dans la pratique de médecine générale car il y a inadéquation entre le temps de prévention nécessaire (250 heures par an), le temps de consultation des patients et le temps de diagnostic et de soins du médecin.
Face à l'inflation des soins de prévention recommandés, un nouveau cadre réglementaire serait nécessaire pour la prévention afin d'améliorer la part du temps consacré à la prévention par les médecins généralistes, telle la création d'une consultation annuelle dédiée à la prévention pour chaque patient.
Dr Jean-Pierre Rageau (rédacteur, fmc@legeneraliste.fr) d’après la thèse du Dr Julie Rosso (Département de médecine générale, faculté de Médecine Paris Descartes)

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