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dimanche 21 octobre 2012

Paris, champ de bataille psychanalytique

Par , publié le 
Alian de Mijiolla revient sur l'histoire de la psychanalyse française, où le Paris des années 1950-1960 fut le champ de bataille des principaux héritiers de Freud.

Après nous avoir donné Freud et la France, un livre stimulant et agréable à lire sur la lente implantation obstinée de la psychanalyse dans une France rétive, cartésienne et xéno-phobe, le psychiatre et psychanalyste Alain de Mijolla livre au lecteur une nouvelle somme sur les guerres que d'aucuns jugeront picrocholines, qui agitèrent le milieu psychanalytique français de 1946 à 1964. Mais cet ouvrage savant peut aussi se lire comme une saga, l'histoire mouvementée d'une lutte au couteau entre personnalités d'envergure diverse et inégale pour rayonner sur la scène psychanalytique freudienne, finalement dominée parJacques Lacan, grand théoricien sans être dogmatique, dotant la psychanalyse d'une pensée et d'une pratique décisives comme il y en a eu peu depuis.  

Au début des années 1950 règne la Société psychanalytique de Paris (SPP), fondée par la princesse Marie Bonaparte. L'égérie est la dépositaire respectée du legs freudien. En 1953, Daniel Lagache, suivi par Lacan et ses amis, scissionne et fonde la Société française de psychanalyse (SFP). Il ne s'agit pas de discussions de salon, on s'y écharpe pour des questions cruciales : durée des séances (fort abrégées chez Lacan), adaptation du "moi" à la réalité ou question de la vérité turbulente du désir, formation des analystes, etc. Pendant ces années, Paris pense psychanalyse, scintille d'intelligence et la psychanalyse en remontre à une psychiatrie en retrait. Bref, on respire. En 1957, Lacan donne un entretien à Madeleine Chapsal, de L'Express. Lacan, soucieux de reconnaissance intellectuelle, se fait limpide, clair et compréhensible, pour un lecteur qui se sent, à le lire, redoubler d'intelligence, tandis que Georges Mauco, rédacteur, pendant l'Occupation, à la très antisémite Ethnie française, psychanalyse toujours. C'est finalement, à notre avis, cette prodigieuse galerie de portraits qu'il faut retenir. Sacha Nacht, le psychanalyste historique, Daniel Lagache guignant obstinément les honneurs universitaires, Charles Odier, l'honnête ouvrier, et la brillante phalange des élèves de Lacan. Sur fond de tumulte, de scissions, de querelles, d'adoubements, de reconnaissance acharnée, Alain de Mijolla a écrit ses "Vies parallèles des hommes illustres" qui, souvent, ont divergé. 

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