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samedi 22 septembre 2012


« Le Magasin des suicides » : réjouissant !

Une ville grise, des habitants déprimés. A priori, le film de Patrice Leconte ne respire pas l'enthousiasme. Ce serait compter sans sa fantaisie! DR

Le nouveau film de Patrice Leconte, réalisateur de « Ridicule », est un film d'animation au titre peu engageant. Pourtant, « Le Magasin des suicides » cache bien son jeu : il est en réalité enthousiasmant et drôle...
Chez les Tuvache, de père en fils, on cultive la morosité. Disons plus exactement que votre désespoir fait leur joie de vivre. Enfin, leur vie. Parce que les Tuvache tiennent l'un des seuls magasins florissants de leur ville : le magasin des suicides. Satisfait ou remboursé, tant que les clients ne reviennent pas (ce serait un comble), ils sont contents.
Il faut dire que, dans la ville, tout est gris. Plus un rayon de soleil, plus une couleur. Rien, en somme, qui donne envie de ne pas se pendre. Mishima et Lucrèce Tuvache sont donc devenus les maîtres de leur art. Ils aident à la fin de vie avec succès, vendant poisons, animaux venimeux et autres armes blanches, conseillant le client sur la meilleure façon de mettre fin à sa vie. De quoi faire vivre la famille, puisqu'ils ont deux enfants aussi cernés et déprimés qu'eux, Vincent et Marilyn.
Enfer et consternation 
Sauf que Lucrèce est enceinte. Et que le petit dernier, à la grande honte de ses parents, semble avoir le bonheur dans le sang. Impossible, par exemple, de le balader dans la ville sans qu'il ne sifflote qu'il « y a de la joie ». Agaçant. Et potentiellement dangereux, quand votre fonds de commerce est l'envie de mourir des autres...
Attention les yeux, Patrice Leconte adapte Jean Teulé. En animation parce que « voir des vrais gens se suicider à longueur de film, c'eut été trop », avoue le réalisateur du Mari de la coiffeuse, de Ridicule et des Bronzés.
Son premier film d'animation. Un projet qui lui a redonné envie de faire du cinéma, là où les « grosses machines » avaient réussi à casser sa créativité.
Et connaissant le monsieur, on attendait beaucoup de ce Magasin des suicides, dont il nous parle depuis quatre ans. Entre deux, il a signé un retour au cinéma avec Voir la mer, fiction libre et libertaire autour de la jeunesse et un livre... Pourtant, promet-il, il n'y a pas un trait du Magasin des Suicides qu'il n'ait approuvé. Bon. Et ça donne quoi alors ?

Surprise, surprise 
La première constatation, c'est que c'est étonnant. Loin des productions hollywoodiennes au dessin lissé par les ordinateurs, le Magasin des Suicides avance un trait marqué, une matière qui accroche. Et une lumière forcément travaillée, entre le gris de la ville et les rares rayons de soleil qu'il laisse passer.
Sans oublier la seconde surprise : le film est musical. Entre chansons et saynètes, on entre assez vite dans le monde de Patrice Leconte. Un monde gris, qui serait vite étouffant, s'il n'y avait la fantaisie de Leconte. Il se permet tout, une danse du voile comme un suicide gris, et le mélange marche. Il y glisse aussi une bonne dose d'humour, noir forcément. Les seules réserves que l'on émettrait, c'est sur la ligne de son film, qui s'adoucit vite vers un final kitchissime, mais ultra assumé. Mais parce qu'il est sincère, parce que, vraiment, Patrice Leconte tenait à nous faire comprendre que la vie est belle, même quand elle est en gris, on ne peut pas ne pas sourire. Et c'est déjà ça de gagné.w

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