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dimanche 2 septembre 2012

Hôpital, médecine de proximité... la santé en phase de réveil

29 août 2012

Entre deux nominations, Marisol Touraine, ministre de la Santé, a mis en branle plusieurs chantiers figurant au programme de François Hollande.


Par ERIC FAVEREAU

A-t-elle entendu le message de François Hollande disant qu’en ces temps de popularité en baisse, il fallait accélérer le tempo ? En tout cas, ça y est, c’est parti, et Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, a - après avoir passé un été sans bavure - décidé de lancer des signes de changement. Changement des hommes et des femmes d’abord : hier, lors du Conseil des ministres, a débuté le premier mouvement des directeurs d’agences régionales de santé (ARS), ces hauts fonctionnaires qui ont un rôle décisif puisqu’ils ont autorité sur les hôpitaux et la médecine de ville. Ils sont le bras armé du ministère dans chaque région. Michel Laforcade, directeur de l’ARS du Limousin, a ainsi été nommé directeur général de l’ARS d’Aquitaine. Quant à Philippe Calmette, qui vient du milieu associatif, le voilà prendre la suite dans le Limousin. «Et ce n’est pas fini», dit-on avenue de Ségur. Une grande majorité des directeurs d’ARS vont changer, certains disparaîtront, d’autres changeront d’affectation. Pour sa part, le directeur le plus médiatique - à savoir l’ancien ministre socialiste Claude Evin, actuel directeur de l’ARS de l’Ile-de-France - reste en place. «Il faut du mouvement, insiste-t-on au ministère. Les ARS doivent être prêtes à lancer de nouvelles expériences pilotes, sur les parcours de santé par exemple.» Car il est vrai qu’à l’exception de certaines, ces structures se révèlent certes utiles mais souvent timorées.
Va-et-vient. Toujours sur les nominations, la ministre devrait conserver l’actuel directeur général de la santé, le Dr Jean-Yves Grall, mais changer rapidement le titulaire du poste clé de directeur de l’hospitalisation et de l’offre des soins, François-Xavier Selleret. Cet ex-directeur adjoint du cabinet de Xavier Bertrand avait été nommé en février. On évoque le nom de Jean Debeaupuis, directeur du CHU de Grenoble pour le remplacer.
Dans ce mouvement de va-et-vient, la question centrale reste néanmoins celle de Frédéric Van Roekeghem, directeur de l’assurance maladie depuis 2004. Voilà un poste décisif : c’est lui, par exemple, qui va reprendre les négociations, le 5 septembre, avec les syndicats de médecins sur le dossier très sensible des dépassements d’honoraires. La ministre attendra-t-elle un éventuel échec de ces négociations pour s’en séparer ? En cette rentrée, en tout cas, l’élaboration du PFSS (projet de financement de la Sécurité sociale) occupe beaucoup le ministère : sujet technique, les arbitrages avec le ministère du Budget ne sont pas encore rendus.
«Moment clé». Reste les dossiers de fond, mais bizarrement, ils ont du mal à émerger sur la place publique. Ainsi sur le front de l’hôpital la ministre va-t-elle installer prochainement un groupe de travail pour élaborer un «nouveau pacte de confiance à l’hôpital public». Pourquoi pas ? Le très médiatique Dr Patrick Pelloux, urgentiste, devrait y participer.«J’aurai l’occasion, avec les urgentistes, d’engager la réflexion pour mettre en place des mesures qui doivent nous permettre de répondre aux besoins, à la fois dans les services d’urgence et dans les territoires, a expliqué récemment Marisol Touraine. Nous nous sommes engagés à ce qu’aucun Français ne se trouve à plus de trente minutes de soins d’urgence.»
«Médecine de proximité», «relation avec l’hôpital», «lien avec les urgences», voilà des mots en forme de slogans que l’on entend souvent au ministère. «Nous sommes à un moment clé, il nous faut revoir certains éléments d’organisation de notre système», insiste Marisol Touraine. «On se gargarise du mot de médecine de proximité, note un ancien haut fonctionnaire. Mais dans les faits, cela reste creux.» Le ministère planche sur l’élaboration rapide d’un nouveau plan antitabac. «Je suis très inquiète quand je vois la consommation des jeunes et des femmes. On se doit de réagir», a reconnu Marisol Touraine.
Bref, les chantiers sont ouverts. Et qu’on se le dise, l’avenue de Ségur est en marche. C’est bien le moins… Ces deux dernières années, le ministère de la Santé avait été totalement déserté, la secrétaire d’Etat Nora Berra n’ayant sous le gouvernement Fillon aucun poids ni aucun espace. Pour autant, si le changement est décrété, il manque encore de contenu. Et de souffle.

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