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dimanche 16 septembre 2012

Debré-Even - « Une polémique inutile et préjudiciable aux patients », Pr Éric Bruckert

Après la parution du « Guide des médicaments utiles, inutiles ou dangereux » desPrs Philippe Even et BernardDebré, « le Quotidien » soumet les propositions des auteurs aux spécialistes concernés. Sur le cholestérol, la réaction duPr Éric Bruckert* :

« Le message de fond concernant le cholestérol et les maladies cardiovasculaires est terriblement faux et ne tient pas compte des données et des références récentes. C’est étonnant de la part de personnes qui ont été des « scientifiques » d’être autant dans l’à-peu-près, le partial. Cela ne serait pas grave si ce n’était qu’une volonté de se faire de la publicité, mais s’agissant d’un ouvrage destiné autant aux malades qu’aux médecins, il risque d’entamer la confiance et d’aggraver les problèmes d’observance, problèmes numéro 1 en cardiovasculaire. Ce type de polémique est inutile et in fine, fait du tort aux patients.
La lecture du chapitre sur le cholestérol montre une impressionnante méconnaissance de ce qu’est un facteur de risque. Les auteurs sortent de leur chapeau une valeur normale bien à eux, qu’ils estiment être dangereuse. Il n’y a aucune justification scientifique à cette norme. Et d’ailleurs on a beaucoup de mal à trouver des références scientifiques, sérieuses et cohérentes.
Le danger prétendu du cholestérol est un danger d’emprunt, lit-on page 360. Ce qui signifie qu’à leurs yeux le cholestérol n’a aucun rôle dans les maladies cardiovasculaires. Une affirmation qui date d’une cinquantaine d’années. C’est pour le cholestérol que le rôle causal dans la maladie cardiovasculaire a été le mieux établi, avec notamment, les études de randomisation mendéliennes, les décès cardiovasculairesprématurés dans hypercholestérolémies familiales et l’ensemble des données épidémiologiques et d’intervention. Nier cela est une contre-vérité.
Le deuxième chapitre sur « la face du bon et du mauvais cholestérol » relève aussi d’un pamphlet publicitaire qui est terriblement de l’à-peu-près, que l’on accepterait mal d’un étudiant en médecine. Là encore, il y a une confusion. Le lien et le rôle du HDL-cholestérol dans les maladiescardiovasculaires est parfaitement établi. Page 380, on peut lire lescoronarites ne semblent plus fréquentes que si les HDL sont inférieures à 0,35 g/l et à condition que simultanément, le cholestérol total soit élevé, supérieur à 2 g/l ". Ce sont les seuls dans le monde à faire ces affirmations qui n’ont aucun sens, et c’est typiquement une méconnaissance des données récentes. En effet, les méta-analysesmontrent un lien continu entre le taux de HDL-cholesterol et maladies coronaires. Il n’est pas étonnant qu’un spécialiste du cancer de la prostate connaisse aussi peu la physiopathologie du HDL-cholestérol.
Finalement, ces deux auteurs tellement polémiques, extrémistes et peu documentés, font perdre toute crédibilité à l’ensemble du livre alors qu’il serait intéressant de resituer calmement, scientifiquement et rigoureusement le bon usage des médicaments ».
Propos recueillis par le Dr Anne Teyssédou-Mairé
*Hôpital de La Pitié Salpêtrière, Paris, service d’endocrinologie- métabolisme
lequotidiendumedecin.fr 14/09/2012

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