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samedi 5 mai 2012

Mon psychiatre s’appelle Facebook

Malgré la croissance remarquable sur Internet des réseaux sociaux comme Facebook depuis une dizaine d’années, peu d’articles sont consacrés à leur éventuel impact psychiatrique. Il existe bien dans la littérature scientifique quelques articles sur la place de ces médias sociaux chez les adolescents et les jeunes adultes, et parfois chez les médecins ou les étudiants en médecine, mais des écrits sur l’usage de Facebook par des malades mentaux restent sporadiques.

Psychiatric Quarterly consacre un article à ce thème original, en décrivant notamment une « interaction thérapeutique » entre un patient « présentant des troubles psychiatriques importants » (stress post-traumatique, anxiété, attaques de panique, addictions, insomnie, troubles bipolaires) et son utilisation des réseaux sociaux. Selon les auteurs (exerçant au Metropolitan Hospital Center de New York), il s’agirait même du premier et « unique cas » (publié) d’interaction « globalement positive » et d’« amélioration de la socialisation » liée « dans une large mesure » à la gestion régulière d’un compte Facebook. Mais les médecins eux-mêmes doivent, estiment les auteurs, se montrer « très prudents dans leur interaction avec les patients en ligne » et surtout à travers les réseaux sociaux, tout en reconnaissant que « ces médias sociaux peuvent servir de tremplin aux patients plus reclus » pour une plus grande intégration dans la société.

On pourrait qualifier ce phénomène d’« extraversion assistée par ordinateur » : ayant permis au créateur de Facebook, Mark Zuckerberg (fils d’une mère psychiatre) de devenir le plus jeune milliardaire de la planète, le développement prodigieux des réseaux sociaux a fait aussi mentir les modernes Cassandres qui dénonçaient, à la fin du 20ème siècle, le développement «insidieux » de l’informatique en général et de l’Internet en particulier, car le rapport à la réalité tendrait à se déliter inéluctablement dans une image du monde de plus en plus virtuelle. Mais ces nouvelles technologies de l’information ont apporté aussi messageries instantanées, webcams et réseaux sociaux (Copains d’avant, Facebook, Friendster, MySpace, MSN, sites de microblogging...) grâce auxquels, précisément, ce « repli autistique » si redouté n’a pas eu lieu. Et en fin de compte, l’ordinateur n’a pas supplanté toute relation humaine ! Une statistique rappelée par les auteurs le confirme : en 2012, Facebook compte environ 800 000 000 d’utilisateurs dans le monde, ayant chacun en moyenne 130 contacts (amis)…
Dr Alain Cohen
Veretilo P et Bates Billick S : Psychiatric illness and Facebook: a case report. Psychiatric Quarterly. 2012. Publication avancée en ligne le 25 janvier.

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