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samedi 28 avril 2012

Entretien à Lyon avec le Dr Jean Furtos : « les candidats ont entendu la souffrance psychique des Français »

23/04/2012
Le psychiatre Jean Furtos a écouté avec attention les déclarations des leaders politiques au soir du premier tour. À ses yeux, c’est d’abord et surtout le discours sur la nécessité de la politique future de « protéger les citoyens de la précarité, de l’angoisse de l’avenir », qui est frappant.
Pour celui qui, depuis de nombreuses années, a travaillé sur les conséquences psychiques du chômage et de la crise, le phénomène nouveau – surtout traduit par les interventions des deux finalistes,François Hollande et Nicolas Sarkozy – est que, désormais, il est urgent de prendre en compte les conséquences de la souffrance sociale.
« Leur diagnostic est juste, même s’ils n’utilisent pas les mêmes mots et n’y apportent évidemment pas les mêmes thérapeutiques », résume le Dr Furtos (1) : la question de la « protection » d’une bonne partie de la population, « souffrante », est posée avec clarté.
À gauche, ainsi, un François Hollande semble rêver d’une « France mère nourricière et aimante, qui protège ses enfants, et où chaque citoyen pourrait vivre, dans la confiance, à la fois apaisé et fier ».

« L’angoisse » de certains de nos concitoyens

Pour Nicolas Sarkozy, de l’autre côté, c’est « l’angoisse » de certains de nos concitoyens, frappés par la précarité, et qui ont choisi de voter aux extrêmes, à laquelle il convient désormais de trouver des réponses.« Il y a deux ans, Martine Aubry avait lancé dans le débat le conceptanglo-saxon du care, "prendre soin", j’ai l’impression que les deux grands leaders, chacun à leur façon, entendent réactualiser cette idée : ils semblent avoir, en ce sens, entendu la souffrance psychique liée à la situation économique et au chômage de masse qui frappe nombre de nos concitoyens », ajoute le psychiatre lyonnais.
Aujourd’hui, note-t-il, la ligne de fracture passe principalement par le logement : les travaux de l’Observatoire en attestent depuis plusieurs années, ajoute-t-il, « et si la population a accepté l’idée du chômage massif, durable, la vraie ligne de partage, la véritable condition de la (ré)insertion, pour les malades mentaux comme pour tous les citoyens, passe par le domicile : avoir un toit, une adresse ». Pas un hasard, donc, si l’Observatoire organise le 3 juillet à Villefontaine (Isère), avec la Direction générale de la santé, un colloque national sur cette question.
› DE NOTRE CORRESPONDANT GÉRARD CLAVAY
(1) Le Dr Furtos est président de l’Observatoire national des pratiques en santé mentale et précaire ; il préside aussi l’Observatoire régional Rhône-Alpes sur la souffrance psychique en rapport avec l’exclusion (ORSPRE).

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