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jeudi 8 mars 2012

Télégramme.com

Rennes. Suicide à la Poste : applaudissements posthumes pour le jeune postier

5 mars 2012 
Entre 100 et 200 salariés de La Poste, rassemblés ce lundi midi, devant le bâtiment de la poste centrale de Rennes pour rendre hommage à Jeremy Buan, un jeune cadre supérieur qui s'est suicidé mercredi, ont salué sa mémoire par des applaudissements. Le père de la victime a, pour sa part, déclaré sur Europe 1 que le suicide de son fils était "un assassinat de la part de ses supérieurs". La Direction du courrier de haute-Bretagne réagit ce soir.
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Un rapport critique l'organisation du travail à La Poste

LEMONDE | 06.03.12 |

Le PDG de La Poste, Jean-Paul Bailly, devait annoncer, mardi 6 mars,"l'ouverture d'un cycle d'écoute et de dialogue sur le bien-être et la santé au travail". La veille, alors que l'entreprise restait sous le choc du suicide, le 29 février, d'un jeune cadre supérieur de 28 ans à Rennes, M. Bailly avait reçu un rapport d'expertise sur les "liens entre travail et santé", rédigé par le cabinet Isast, spécialisé sur la santé au travail.

Ce rapport de 28 pages, daté du 29 février, avait été commandé par le CHSCT (Comité d'hygiène, de sécurité, et des conditions de travail) du centre financier postal de Paris (1 237 employés), sur les conseils de l'Inspection du travail, après le suicide, le 15 septembre 2011, d'une femme de 52 ans, de retour d'un congé pour longue maladie.
Il se montre très critique envers la politique de ressources humaines de l'entreprise publique, en mutation permanente depuis quinze ans : "Les conséquences des changements organisationnels ne sont pas suffisamment prises en compte (...), les questions de travail ne sont pas analysées, les agents et les cadres ne sont pas écoutés alors qu'ils font remonter les problèmes de travail au quotidien. Ceci n'est pas conforme à l'accord sur la santé au travail (signé en 2010) qui affirme favoriser l'expression de tous", peut-on lire en conclusion.
ANALYSE "PSYCHOLOGISANTE" DU TRAVAIL
Le principal grief adressé par l'Isast à La Poste porte sur la médicalisation des problèmes : "l'action reste centrée sur l'individu et non le collectif de travail (...). Les formations sur le stress et sa gestion accréditent l'idée que faire face à une telle organisation de travail est avant tout une histoire d'adaptation personnelle (...), laissant entendre que certaines personnes, de par leur structure de personnalité, seront toujours inadaptées au travail". Le cabinet invite La Poste à une réflexion approfondie sur le lien entre santé et organisation du travail.
Pour les auteurs du rapport, les causes d'un mal-être au travail ne sont pas uniquement à rechercher du côté de la vie personnelle. Or, estiment-ils, La Poste refuse de mettre en cause l'organisation du travail, en "interrogeant le contexte professionnel". "Cette analyse psychologisante du travail est à l'opposé de notre analyse", poursuivent-ils.
Les témoignages de postiers, anonymes, convergeraient : "Les agents ont dittrouver surprenant qu'on les envoie à la médecine du travail comme s'ils étaient malades ou en passe de l'être (...). Les agents seraient (...) la cible de remarques désobligeantes : 'ce n'est pas une annexe de l'asile psychiatrique'".
Par ailleurs, l'expertise évoque des conditions de travail détériorées, dans un contexte de réorganisations, et une perte de sens face à des tâches segmentées et minutées selon leur rentabilité. Un "pilotage de flux" a été mis en place - avec"x minutes pour une ouverture de compte, x minutes pour l'envoi d'un courrier, etc." – qui déconcerterait les agents.
Ainsi, des pochettes sont distribuées le matin aux agents chargés des ouvertures de comptes, des demandes de cartes bancaires, etc. A l'issue de sa vacation, l'agent rend à son supérieur sa pochette avec les tâches non effectuées.
"SURVEILLER LE RENDEMENT DE CHAQUE AGENT"
Cette évaluation par le travail non fait, négative, affecterait le moral des agents. Le découpage des activités, qui ôte du sens à leur travail et ne permet plus depiloter un dossier de A à Z, achèverait de les déstabiliser. La "pesée" des tâches reposerait sur des données datant des années 1990, lorsque les dossiers étaient"moins complexes à traiter".
Ce bilan défavorable trouverait, selon l'Isast, de l'écho chez les chefs d'équipes et les cadres dirigeants. Certains d'entre eux verraient cette organisation du travail comme "une injonction de surveiller le rendement de chaque agent".
S'agissant du suicide de la postière de 52 ans, le rapport se veut prudent. Il évoque des pistes d'explications, dont une prise en charge insuffisante de cette personne lors d'un retour au travail dans lequel elle avait beaucoup investi.
La Poste déclare prendre acte du rapport, qui "nourrira son analyse" face à ces situations difficiles à appréhender. Cependant, l'entreprise publique tient àrelativiser la portée d'un document qui, précise-t-elle, a été réalisé avec un tiers des effectifs du centre financier concerné. "Le rapport sera complété avant sa sortie définitive, il y a des choses à corriger", indique un porte-parole.
Surtout, La Poste, dont le souci est de ne pas être comparée à France Télécom, où une vague de suicides avait eu lieu en 2009 et 2010, conduisant au départ du PDG, Didier Lombard, fait valoir son implication en matière de santé au travail."Nous restons vigilants, mais 2011 montre une diminution de la fréquence et de la gravité des accidents de travail et du nombre de jour d'absences pour maladie", souligne Pascale Duchet-Suchaux, directrice prévention, sécurité et santé au travail.
Anne Michel

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