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dimanche 1 janvier 2012


La dyslexie : trois symptômes, une seule cause

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 23.12.11
Un scientifique ajuste des capteurs sur un de ses collègues du EEG (électroencéphalogramme) Lab d'Auckland.
Un scientifique ajuste des capteurs sur un de ses collègues du EEG (électroencéphalogramme) Lab d'Auckland.Reuters
Des travaux récents, publiés dans Neuron du 21 décembre, lèvent un coin du voile sur les causes de ce trouble, qui toucherait "environ 5 % des Français", selon Franck Ramus, chercheur en sciences cognitives au CNRS et cosignataire de l'article. En collaboration avec Anne-Lise Giraud, directrice d'une équipe Inserm à l'Ecole normale supérieure, et Katia Lehongre, jeune chercheuse au sein de son équipe, il y décrit une seule et unique anomalie dans le cortex auditif des dyslexiques qui pourrait être à l'origine de ces trois symptômes.
Défaut de sensibilité
"Les enfants dyslexiques ont du mal à associer les lettres aux sons correspondants pour apprendre à lire", explique Franck Ramus. Les scientifiques soupçonnent depuis longtemps qu'un mauvais développement des aires cérébrales permettant de se représenter les sons de la parole serait la cause de la dyslexie.
Pour mieux comprendre ce phénomène, Anne-Lise Giraud et son équipe ont enregistré l'activité cérébrale de 44 adultes, dont 23 dyslexiques, pendant qu'ils écoutaient un son présentant des variations d'amplitude allant de 10 à 80 Hz.
Les chercheurs ont ensuite analysé la capacité des cortex auditifs droit et gauche à "osciller" avec le son qui les stimulait. Résultat : tandis que, chez les non-dyslexiques, les cortex auditifs fonctionnaient normalement, le cortex gauche des dyslexiques était moins sensible aux sons modulés autour de 30 Hz. Or l'hémisphère gauche du cerveau est spécialisé dans l'analyse du langage.
La difficulté pour le cortex gauche d'analyser certaines fréquences gênerait le cerveau pour découper la parole en "unités" pouvant être associées aux lettres. Ce défaut de sensibilité expliquerait les difficultés pour les dyslexiques à nommerrapidement des images. Leur cerveau est en revanche plus sensible aux rythmes rapides. Une particularité associée à une mauvaise mémoire à court terme des mots.
"Jusqu'ici, on ne comprenait pas bien le lien entre les différents symptômes de la dyslexie, explique Anne-Lise Giraud. Notre découverte pourrait expliquer ces trois aspects de la pathologie avec une seule cause, ce dysfonctionnement du cortex auditif gauche."
Toutefois, il faut rester prudent quant à des applications immédiates pour un meilleur traitement de la dyslexie : "C'est de la recherche fondamentale, tempère Franck Ramus. On a peut-être mis le doigt sur quelque chose d'important. Mais c'est tellement nouveau qu'il est difficile de dire à l'avance si ça va aboutir ou pas à des applications thérapeutiques."
Julien Joly

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