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mardi 4 octobre 2011


Le baby-blues des sages-femmes

04.10.11

Les sages-femmes défilaient, le 4 octobre à Paris, pour réclamer une revalorisation de leur travail et la "reconnaissance des professionnels de la naissance".
Les sages-femmes défilaient, le 4 octobre à Paris, pour réclamer une revalorisation de leur travail et la "reconnaissance des professionnels de la naissance".AFP/MIGUEL MEDINA
A l'appel de onze syndicats et associations, des sages-femmes de toute la France manifestent à Paris, mardi 4 octobre. Les organisateurs entendent pesersur les négociations ouvertes avec les ministères du travail et de la santé à l'issue d'un premier défilé le 12 mai, qui peinent selon eux à progresser. Les revendications des sages-femmes sont multiples et traduisent l'impression généralisée de ne pas être reconnues à leur juste valeur. Leur mécontentement concerne trois points majeurs.
Revalorisation de la rémunération. L'intersyndicale réclame une hausse des salaires et des actes, qui n'ont pas été revalorisés depuis 2005. Une sage-femme libérale facture 19 euros pour une consultation, "qui dure entre une demi-heure et une heure et aborde aussi bien les aspects médicaux que psychologiques", insiste Madeleine Moyroud, présidente de l'Association nationale des sages-femmes libérales (ANSFL).
Dans la fonction publique hospitalière, les sages-femmes gagnent quant à elles environ 1 700 euros par mois en début de carrière et 3 000 en fin de carrière, sans revalorisation entre 45 et 62 ans. Les syndicats ne demandent pas moins du double. "Nous réclamons une augmentation de nos salaires à hauteur de nos responsabilités et de nos études", justifie simplement Jacqueline Lavillonière, présidente de l'Union nationale et syndicale des sages-femmes (UNSSF). La profession déplore aujourd'hui que les cinq années d'études, dont la première est commune avec les médecins, ne soit pas suffisamment reconnue.
Révision du statut des sages-femmes hospitalières. Les sages-femmes de la fonction publique hospitalière défendent leur droit à un statut spécifique, affranchi de la tutelle des médecins. Pour la présidente de l'UNSSF, il s'agit de "fairerespecter notre indépendance professionnelle" et de faire reconnaître le fait que les sages-femmes exercent une profession médicale.
Devenir le premier recours des femmes enceintes en bonne santé. Les sages-femmes veulent un renforcement de leur rôle dans le suivi obstétrical et gynécologique des femmes en bonne santé. Il faut "redistribuer les rôles entre sages-femmes et gynécologues-obstétriciens", estime l'ANSFL dans uncommuniqué"Les gynécologues sont des médecins et devraient donc ne s'occuper que des pathologies, explique la présidente de l'associationDe nombreuses femmes en bonne santé font suivre leur grossesse [dite alors physiologique, par opposition à pathologique] par un gynécologue, reçoivent un suivi hypermédicalisé, et la plupart ne savent même pas qu'elle pourraient êtresuivies par une sage-femme." Cette hypermédicalisation va à l'encontre de l'intérêt des femmes, selon les syndicats.
Les grossesses physiologiques représentent aujourd'hui 80 % des grossesses mais, dans les hôpitaux, "seule la moitié sont gérées par les sages-femmes", déplore Florian Ganequin, maïeuticien hospitalier à Lens. "Les sages-femmes réalisent les accouchements mais les consultations prénatales sont toujours réalisées par les médecins", ajoute-t-il. Les sages-femmes libérales avancent elles aussi la nécessité d'une continuité dans le suivi des femmes enceintes."Aujourd'hui, nous ne pouvons pas accoucher nos patientes. Nous prônons l'expérimentation des maisons de naissance [gérées entièrement par des sages-femmes, sans intervention "hypermédicalisée"] et le droit à l'assurance responsabilité civile pour les accouchements à domicile."
Cette approche présenterait des avantages non négligeables, d'après l'intersyndicale. D'une part, elle permettrait d'améliorer la qualité des soins apportés aux femmes, en permettant aux gynécologues de ne se consacrerqu'aux grossesses à problèmes. D'autre part, elle réduirait certaines dépenses de sécurité sociale. Un rapport de la Cour des comptes paru en septembre (lire"Silence... elles accouchent", en édition Abonnés) va d'ailleurs dans ce sens.
Pauline Turuban

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