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vendredi 8 juillet 2011

Dangerosité psychiatrique : savoir anticiper le passage à l’acte

La Haute Autorité de santé (HAS) publie une série de recommandations destinées aux professionnels de santé pour prévenir la survenue d’actes violents chez les patients souffrant de troubles mentaux graves.

Toujours très spectaculaires et fortement médiatisés, les actes de violence perpétués par les malades mentaux relèvent de l’exception. « Tous types de violence confondus, 3 à 5 % seulement des actes violents seraient dus à des personnes souffrant de troubles mentaux », essentiellement des troubles schizophréniques ou bipolaires, rappelle la HAS. Beaucoup plus fréquemment, les personnes atteintes de troubles mentaux sont les victimes (de leur fait, de celui d’autrui ou de la société).

Ces actes de violence envers autrui touchent en premier lieu la famille et les proches, d’autres patients et les professionnels de santé. Plus exceptionnellement, des personnes sans aucun lien avec le patient. « La maladie mentale grave n’est pas, en elle-même, un fort indicateur de violences à venir. Les facteurs qui participent à la genèse des comportements violents sont multiples et souvent intriqués », indique la Haute Autorité qui fait pas moins de 84 recommandations pour prévenir les passages à l’acte.

Présidée par le Pr Jean-Louis Senon, la commission d’audition sur la dangerosité psychiatrique a identifié les principaux facteurs de risque : antécédents de violence commise ou subie, notamment durant l’enfance ; précarisation, difficultés d’insertion sociales, isolement ; abus ou dépendance à l’alcool ou à d’autres substances psychoactives ; trouble de la personnalité de type antisocial ; âge inférieur à 40 ans ; rupture de soins ou défaut d’adhésion au traitement.

Écouter les proches.

Outre ces facteurs de risque, des éléments cliniques peuvent laisser présager d’une survenue prochaine d’actes violents. Chez les patients schizophrènes, plusieurs signes doivent alerter les soignants : délire paranoïde avec injonction hallucinatoire ; idées délirantes de persécution avec dénonciation d’une personne considérée comme persécutant le malade ; idées délirantes de grandeur, passionnelles ou de filiation ; menaces écrites ou verbales pouvant évoquer un scénario de passage à l’acte contre le persécuteur supposé.

Pour les troubles de l’humeur, les équipes soignantes doivent être vigilantes vis-à-vis de la douleur morale du patient. Des idées de ruine, d’indignité ou d’incurabilité, notamment quand elles s’élargissent aux proches, un sentiment d’injustice ou de blessure narcissique peuvent interpeller.

« Être attentif et à l’écoute des proches permet souvent de désamorcer un possible passage à l’acte violent »
, note la HAS. « La prise en charge attentive, proche et durable et surtout sans rupture de soins, en particulier dans les six premiers mois après la sortie de l’hôpital, est une des clés pour prévenir ce risque », conclut la Haute Autorité.

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