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mercredi 16 mars 2011

"Une rénovation à la va-vite"

Patricia Parry, psychiatre à l'hôpital Marchant (Hte-Garonne)

Dans cette affaire, la dangerosité de l'individu est brandie comme un épouvantail. Qu'en pensez-vous ?

Ce discours, tenu depuis 4 ou 5 ans par le pouvoir en place consiste à livrer un certain nombre de citoyens à la vindicte populaire. Je pense aux profs, aux magistrats… Dans notre cas, ce sont les malades mentaux et ceux qui s'en occupent. Ces derniers portant en prime, la qualification d'irresponsables. Pourtant, les chiffres le démontrent : 99 % des crimes commis en France le sont par des gens qui ne sont pas des malades mentaux.
Sur le fond, qu'est-ce qui vous gène ?

Depuis qu'elle existe, la psychiatrie a été régie par deux grandes lois. Celle de 1838 et celle de 1990.

Deux à peine ! Chacun convient que légiférer sur une histoire de 150 ans vaut qu'on prenne le temps de réfléchir. Les rénovations érigées à la va-vite sous prétexte que demain, grâce à cela, on va régler les crimes une fois pour toute, la profession n'en veut pas. Si on veut que les assassins ne récidivent pas, qu'on les mette en prison à perpétuité. Or la société ne veut pas. Pour se dédouaner elle les bascule vers la psychiatrie et ouvre ainsi, la boîte de Pandore. Je n'ai pas envie d'avoir à traiter, demain, un voleur de sac de vieille dame ! Je n'ai pas envie non plus que l'internement d'un patient soit suspendu à une décision qui demain, ne sera pas partagée parce que n'importe qui pourra avoir un avis sur n'importe quoi ! Jusqu'à présent, le psy émet un avis clinique, le juge se prononce sur la forme et est garant des libertés et l'administration se charge de l'exécution. Le projet de loi, lui, mélange tout.

Vous sentez-vous pris entre le marteau et l'enclume ?

Être médecin en hôpital psychiatrique, c'est être responsable, savoir prendre ses patients en charge avec humanité, être capable de lever une hospitalisation d'office… C'est aussi beaucoup de certificats très compliqués et d'expertises demandées. Quel que soit le côté où l'on se place, nous sommes considérés comme d'effroyables libertaires, ou d'effroyables carcéraux.

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