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samedi 22 janvier 2011


Le Collectif Solidarité Santé est né en marge du mouvement de grève des internes de l'automne 2007.Il s'agit d'un groupe de jeunes médecins désireux de partager des idées sur la santé et le système de soins.Il s’oppose aux franchises médicales, à la tarification à l’activité et à l'influence des firmes pharmaceutiques . De manière plus générale, il se prononce pour une défense du service public et pour un accès à la santé égalitaire allié à une médecine solidaire.
INSCRIPTION/CONTACT : solidarite.sante@gmail.com


Le coup de gueule d'André Grimaldi contre la novlangue managériale
15.01.2011

Chef du service de diabétologie à l'hôpital de la Pitié-Salpétrière à Paris, le professeur André Grimaldi est l'un des leaders du Mouvement de défense de l'hôpital public (MDHP). Il a toujours dénoncé le concept d'hôpital-entreprise. Aujourd'hui encore il montre comment petit à petit c'est tout un mode pensée qui pénètre l'hôpital, avec ses hommes, ses concepts et sa langue.

Voici une lettre que nous avons reçu de sa part hier soir :

"Chers tous,
Le Syndicat National des Cadres Hospitaliers (SNCH) qui a en grande partie inspiré la réforme « entrepreneuriale » des hôpitaux change de nom. Par 59% des voix il a décidé de devenir le SMPS (Syndicats des managers publics de santé) et par 58% d’accepter comme membres associés des chefs de pôle et des présidents de CME ! L’ensemble des soignants médecins et non médecins devront bientôt s’adresser à leur directeur en l’appelant par son titre de « chief manager » tandis que les directeurs adjoints deviendront des « project manager ».

Rigolade ! Foutaise ! Dérision !
Nous aurions tort de le penser. Le changement de vocabulaire a pour fonction de changer la programmation de la pensée. Technique de formatage des esprits ! Ils ont mené et gagné la bataille idéologique et nous avons haussé les épaules. Maintenant il est bien tard. Nous avons cependant mené le combat contre le concept pervers « d’hôpital entreprise » et les politiques,du président de la république à la ministre, ont du verbalement reculer tandis que les concepteurs continuaient à s’y accrocher. Exit donc l’hôpital entreprise que la loi met en œuvre. Hypocrisie ou post modernité ?

Pour les promoteurs de la réforme néolibérale nous sommes « des producteurs de soins » ou des « ingénieurs »,et ceux qui refusent leur nouveau statut sont des « petits mandarins », les patients sont des «consommateurs » certes « de plus en plus éclairés » ou des « clients ». On ne répond pas à des besoins, on vise à « gagner des parts de marché ». On n’est pas dévoué, on ne travaille pas beaucoup, on « travaille à flux tendu » on ne supprime pas des gaspillages on « augmente la productivité », on n’a plus de projets mais des « business plan » etc etc

Je vous propose de débusquer l’imposture en révélant ce que cache le discours de ces « défenseurs du service public ». Voilà ce qu’écrivait l’un d’entre eux dans un condensé de la pensée néolibérale (Patrick Mordelet dans Gouvernance de l’hôpital et crise des systèmes de santé, aux Editions ENSP) : « La bonne gouvernance des hôpitaux passe, plus ou moins directement, par leur privatisation ou, à tout le moins, par l’application des règles et de la culture du secteur privé et le développement des partenariats public-privé » et parmi les objectifs fixés « le libre choix des citoyens concernant leur assurance médicale ». [...]

Refusons la nov-langue des nouveaux managers !
Les services « clientèle » des hôpitaux doivent être débaptisés et retrouver leur vrai nom « service patients ». Refusons les slogans venus de la SNCF (« vous faire préférer le train ») ou de DARTY (« le contrat de confiance »).
Amitiés
André"

Dans le roman de George Orwell, 1984, Syme, un collègue de Winston, en charge du dictionnaire Novlangue, explique le but du Novlangue : « Ne voyez-vous pas que le véritable but du Novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? A la fin nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée car il n’y aura plus de mots pour l’exprimer. »

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