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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 30 janvier 2010




Des bonnes ondes pour les malades mentaux
Sandrine Cabut
28/01/2010 |


Animée par des patients, une radio diffusée sur Internet veut changer les regards sur le handicap psychique.








Pour l'une, participer à cette radio est l'espoir que «les bien portants comprennent notre différence, qu'ils voient aussi la richesse qu'il y a en nous, la grande sensibilité des malades psychiatriques». Pour une autre, c'est «un moyen de rentrer dans la société en ayant une parole propre». Un troisième y voit «un outil qui aidera à nous intégrer, à nous faire admettre, à ne plus être rejetés». Depuis quelques mois, ces trois patients atteints de troubles mentaux, et bien d'autres, animent Radio Citron. Diffusée pour l'instant sur Internet, cette radio «qui n'a pas peur des pépins» aura peut-être bientôt droit de cité sur les ondes de Radio France, qui parraine l'initiative.

«La radio, c'est le contraire de l'enfermement. Ce serait bien si vos productions pouvaient nous alimenter», leur a assuré Jean-Luc Hees, le président de Radio France, en inaugurant officiellement Radio Citron, mardi, à la Maison de la radio, en présence du maire de Paris et de nombreux patients. Permettre à ces derniers d'exprimer leurs différences et de faire évoluer la perception qu'ils ont d'eux-mêmes, et amener leurs auditeurs à changer de regard sur la maladie mentale, c'est le but de ces radios animées par des malades mentaux. En Argentine, où l'aventure a commencé en 1991, avec la Colifata, première radio à émettre depuis un hôpital psychiatrique, 7 millions de personnes écoutent l'émission. D'autres pays, comme le Brésil, l'Espagne, l'Italie, l'Angleterre, se sont lancés dans des aventures similaires. «Nous nous sommes inspirés de la Colifata», précise sur le site de Radio Citron, l'association l'Élan retrouvé, qui encadre les animateurs. Fondée en 1948, cette association crée et gère des structures sanitaires et médico-sociales pour réadapter et réinsérer les malades atteints de troubles psychiques.

Billets d'humeur, météo, horoscope, mais aussi micro-trottoirs… Les animateurs de Radio Citron assurent une ou plusieurs rubriques. Ils sont amenés à «s'exprimer sur ce qu'ils vivent, pensent ou sentent de la société qui les entoure», chacun avec son ton, plus ou moins humoristique et décalé, expliquent les responsables de l'association. Avec un beau brin de voix, Ekaterina raconte les contes qu'elle a inventés, comme «une vie de bouton». Charly, alias GCD, «Gros Cerveau Déglingué, trente ans de psychiatrie», précise-t-il, lit des poèmes et tient une étonnante «loi de l'horoscope». Il y a aussi une rubrique «conflit de canard» (des recettes de cuisine assez particulières) ; un feuilleton intitulé La Voix de l'autre, récit d'une histoire d'amour à travers des échanges par e-mail. Il y a même des débats philosophiques. En pratique, deux à trois heures d'émission sont enregistrées tous les deux mois. Certains sujets sont traités dans les différents services impliqués de l'association, d'autres donnent la parole à des personnes extérieures à l'institution, mais dont les interviews sont réalisées par les patients, d'autres encore sont débattus en direct. «L'échange avec les auditeurs est capital et pourra se faire à deux niveaux, à l'intérieur de l'Élan retrouvé et avec le grand public, insistent les responsables. Ce seront des échanges écrits sur notre site Internet et par téléphone. Lors de l'enregistrement général, des auditeurs pourront être présents et intervenir.» Une invitation à écouter les différences.

Site de Radio Citron : http://www.radiocitron.com/



Critique

"La Méthode Coué. Histoire d'une pratique de guérison au XXe siècle", d'Hervé Guillemain :
Coué, sa méthode et ses couacs


LE MONDE DES LIVRES | 14.01.10 |

Tous les jours, à tous points de vue, tout va de mieux en mieux." La formule est à répéter vingt fois, à voix haute, matin et soir. L'aide d'une cordelette à nœuds est la bienvenue. Quant à la durée de la prescription, toute la vie fera bien l'affaire. Car cette panacée est "préventive autant que curative". Voilà pratiquement tout le contenu de la célébrissime méthode Coué. Elle est devenue synonyme, dans le langage courant, d'illusion risible et de persuasion inefficace. Voulez-vous brocarder une politique ? Faire comprendre qu'elle se contente de psalmodier que son bilan est positif ? Traitez-la simplement de "méthode Coué", version ringarde et ridicule, en France, du wishful thinking.

Le docteur Emile Coué (1857-1926, pharmacien de son état) n'est plus crédible. Ce ne fut pas toujours le cas. Voilà ce qu'on découvre, avec autant d'intérêt que d'amusement, en lisant l'original travail d'historien conduit par Hervé Guillemain. Autour d'un objet mince, diaphane, presque invisible, il parvient à construire une enquête féconde, qui dessine à sa manière un paysage instructif.

Au départ, un fait banal : un pharmacien de province pratique l'hypnose dans son arrière-boutique, avant la première guerre mondiale. Voilà qu'il s'installe à Nancy, suggère avoir des liens avec l'école où s'illustrèrent Bernheim et Liébeault. Dans les années 1920, son succès devient foudroyant. Les patientes affluent du Royaume-Uni. Des sociétés "couéistes" se fondent un peu partout en Europe comme aux Etats-Unis. Dans les cliniques du lac Léman, on propose soudain, au même menu, à une clientèle plutôt lasse, la méthode Coué et la psychanalyse !

Relayée par les sociétés de théosophie, discrètement parée d'oripeaux indo-bouddhistes, la méthode Coué semble rappeler la répétition des mantras orientaux. Après cette courte gloire, la vaine méthode tombe dans l'oubli et ne subsiste qu'à l'état de proverbe. Jusqu'à ce que le retour de l'hypnose et le revival des suggestions en tout genre viennent amorcer des tentatives de réhabilitation. Tout l'attrait de cette belle enquête est finalement de faire comprendre comment la gloire, l'éclipse, puis le retour de Coué sont autant de signes de la composition, de la décomposition et de la recomposition du paysage psychothérapeutique. Evincée par le triomphe de la psychanalyse, la méthode Coué réapparaît. On recommence, dans les années 1990, à célébrer ses vertus, et la gloire de son créateur.

Car cet homme sans intérêt, qui avait sans doute fini par se convaincre lui-même d'avoir inventé quelque chose, est bien l'un des grands précurseurs de cette soupe éclectique qu'on nous sert aujourd'hui à grandes louches sous le nom de "développement personnel". L'idée est toujours la même : positivez, tout va changer. Persuadez-vous que tout va bien, ça finira vite par être le cas. En juillet 1921, le quotidien Le Matin décrétait qu'Emile Coué était "le plus grand optimiste de France". Depuis, il y a de la concurrence. Décidément, tout va de mieux en mieux.

LA MÉTHODE COUÉ. HISTOIRE D'UNE PRATIQUE DE GUÉRISON AU XXE SIÈCLE d'Hervé Guillemain. Seuil, "L'Univers historique", 396 p., 21 €.

Roger-Pol Droit





Phil'Info

En finir avec Freud ? Le débat Onfray-Miller

Michel Onfray a entrepris de déboulonner la statue de Freud. Nous lui avons proposé d'en débattre avec le psychanalyste Jacques-Alain Milller. Le débat paraît dans notre numéro de février, avec un dossier Freud (en kiosque le 21 janvier). En voici un avant-goût.

À lire aussi dans le numéro de février, le dossier Freud, avec un extrait du Malaise dans la civilisation en cahier central, et le dossier de couverture : « Le socialisme peut-il renaître ? »

Pour un avant-goût du débat, cliquer sur le lien suivant : http://philomag.com/fiche-philinfo.php?id=167



Keynes ou l'économistes citoyen

Bernard Maris, Presses de Sciences po, 1999, 104 p., 75 F.
Sylvain Allemand

Dans les manuels d'économie, le nom de Keynes est associé aux politiques de relance par la consommation mises en œuvre dès l'après-guerre dans les pays industrialisés avant d'être contestées à partir du milieu des années 70. Pourtant, l'apport de l'auteur de la Théorie générale est bien plus considérable : Keynes fut l'un des premiers à analyser l'économie en termes de conventions, de prophéties autoréalisatrices, d'anticipations rationnelles... Autant d'intuitions qui ont depuis très largement contribué à lever le voile sur l'énigme des marchés et le comportement des agents économiques.

C'est cette postérité que l'économiste Bernard Maris entend restituer à travers une présentation qui replace le célèbre économiste dans le contexte de son époque. Si la fréquentation par Keynes du cercle des bloomsburiens (Virginia Woolf, Bertrand Russel...) a très largement contribué à sa réputation d'économiste pas comme les autres, on sait moins en revanche qu'il fut un lecteur attentif de Freud, et que sa théorie de la monnaie s'inspire directement de l'interprétation psychanalytique de l'argent. Pour Keynes, rappelle B. Maris, la préférence pour l'épargne n'était rien d'autre que la marque d'un esprit infantile.

Quant aux vertus citoyennes prêtées dans le titre à cet économiste, elles sont à deviner au fil des pages dans sa participation à la vie publique ainsi que dans certaines prises de position, notamment au sujet des réparations infligées à l'Allemagne au lendemain de la Première Guerre mondiale...

Pour B. Maris, elles se sont aussi manifestées dans cette propension, plutôt rare pour un économiste, à vouloir restreindre autant que possible la place de l'économie dans la société


Centre d’études du vivant
Université Paris-Diderot - Paris 7.

Séminaire Deux critiques de la sexualité, deux conceptions du désir et du plaisir : la controverse entre Gilles Deleuze et Michel Foucault

par Monique David-Ménard

Les jeudis 04.02, 11.02, 18.02, 08.04 et 15.04 de 12h à 14h
Salle 238A – Bâtiment Condorcet - 4, rue Elsa Morante – 75013 Paris

Organisé dans le cadre du Centre d’études du vivant ce séminaire s’adresse aussi aux étudiants du Master Recherche et de l’Ecole doctorale « Recherches en psychanalyse ».

Désir ou plaisir ? La controverse entre Gilles Deleuze et Michel Foucault dans leur critique de la psychanalyse

Gilles Deleuze et Michel Foucault renouvellent l’art de poser des problèmes philosophiques sur le mode d’un voisinage paradoxal : critique constante du sujet cartésien ou phénoménologique, pas de côté par rapport à l’insistance sur le sens dans la pensée et par rapport à la structure dans l’abord du langage, mise en valeur de singularités impersonnelles comme caractère du réel, critique de la notion de négativité - qu’elle soit comprise dans la dialectique hégélienne ou dans l’idée lacanienne du manque à être constituant le désir - au profit des « positivités » ; réévaluation de cette organisation du temps qu’on appelle l’Histoire au profit des devenirs chez Deleuze et des ruptures transversales qui traversent les institutions, les savoirs et les pouvoirs chez Foucault ; nouvelle pensée des relations - liaisons disjonctives et rhizomes pour l’un, espaces de dispersion des énoncés pour l’autre -, lecture décisive de Nietzsche pour les deux et compagnonnage critique avec Kant etc…on n’en finirait pas de citer des thèmes qui balisent leur proximité. Pourtant ils font de la philosophie de deux façons peut-être incompatibles et en tout cas exclusives : Foucault évite avec génie toute thèse métaphysique alors que Deleuze produit une métaphysique neuve.

De cette proximité exclusive témoignent au mieux deux termes : agencements des désirs, des concepts et des créations chez Deleuze, dispositifs des savoirs et des pouvoirs chez Foucault. Ces termes indiquent l’un comme l’autre la distance prise par Deleuze et Foucault, par rapport aux oppositions de base de la philosophie : sujet et objet, sensible et intelligible, connaître et agir etc…et aussi les principes de leur critique de la psychanalyse. Pourtant, ils sont tout sauf équivalents, car les agencements dans leurs devenirs ont une affinité avec l’infini alors que les positivités que Foucault nomme dispositifs sont délimités, précis et ne communiquent aucunement les uns avec les autres. Cette différence devient une divergence lorsqu’ils opposèrent deux critiques de la psychanalyse : faut-il garder le terme de désir (Deleuze et Guattari) ou celui de plaisir (Foucault ?). Le séminaire fera le point sur la portée, politique et philosophique de cette controverse.

mercredi 27 janvier 2010

Les Livres de Psychanalyse
vendredi 15 janvier 2010

La Passion évaluative

NOUVELLE REVUE DE PSYCHOSOCIOLOGIE n°8












Éditions Erès
Prix : 25 €
janvier 2010


Ce numéro a comme projet de favoriser une réflexion, la plus approfondie et la plus argumentée possible, sur ce qu’on pourrait appeler la « passion » ou même « la rage » évaluative contemporaine, sur les racines de cette passion qui est sous-jacente aux procédures d’habilitation, d’accréditation, de certification, d’indexation, sur les méthodes d’évaluation en vigueur et sur leur intérêt, leurs limites ou leurs impasses, sur les acteurs du processus, sur les domaines variés de l’évaluation, (l’enseignement, la formation, les organisations industrielles et commerciales, les institutions du secteur sanitaire et social, etc.). En définitive, il a pour but de favoriser une compréhension du devenir de l’évaluation et d’explorer le rapport qu’elle entretient avec le jugement, la sanction ou, au contraire, avec le développement d’individus et d’organisations qui se confrontent avec l’inévaluable.

Coordination : Gilles AMADO - Eugene ENRIQUEZ

Ont participé à ce numéro : Frederic BLONDEL - Marcel BOLLE DE BAL - Valerie BOUSSARD - Xavier BRIFFAULT - Marco BRUNOD - Christophe DEJOURS - Marie-jose DEL VOLGO - Sabine DELZESCAUX - Emmanuel DIET - Elian DJAOUI - Georges GAILLARD - Isabelle GERNET - Roland GORI - Andre LEVY - Jacqueline LORTHIOIS - Jean-pierre PINEL - Gerard REYRE - Jacques RHEAUME - Monica SAVIO - Rachel SIMBU - Daniele WEIS



Quelle liberté pour le sujet à l'époque de la folie quantitative ?
Hervé Castanet (dir.)













Paru le : 02/12/2009
Editeur : Pleins Feux
Collection : L'impensé contemporain
Prix : 25 €


Nous vivons sous le règne de la règle.
Celle-ci ne s'encombre ni de principes ni de généralités. Elle accumule les chiffres, fait série, prétend répondre à chaque cas. Sa logique est de tout intégrer partie après partie. Elle est métonymique et inductive. Prise concrètement, cette règle semble toujours ouverte, illimitée. Elle est souvent illogique (les chiffres ne sont que listes et ne renvoient à aucune réalité). Elle se proclame faussement règle qualitative tout en confondant la partie de la totalité avec la singularité qui y objecte.
Un terme classique la désigne : folie totalitaire - folie quantitative. Utopie insidieuse, elle est principe de mort et asservit les peuples. Comment la contrer ? Une direction est posée par Jacques-Alain Miller :
" C'est une erreur, disait Lacan, que de faire de l'inconscient un dedans. Oui, parfaitement, l'inconscient est au-dehors, il est à penser en extériorité. C'est pourquoi, oui, "l'inconscient, c'est la politique".
Laissée à sa pente naturelle, la politique, nous le voyons tous les jours, est fantasmatique, mégalomaniaque, délirante. Bref : elle a besoin de psychanalystes, et de ceux, cliniciens et intellectuels, que la lecture de Lacan a formés " (Jacques-Alain Miller, Le Nouvel Ane, n° 8, février 2008, p. 3). Notre arme a un nom : c'est " le fer de lance, la pointe avancée de l'enseignement de Lacan appliqué à la guerre de civilisation en cours " (ibid.).
Pour cette guerre, il s'agit pour chacun de se réinventer. Car, bien sûr, " tout est pour le mieux dans le pire des mondes possibles " (Philippe Sollers) ! Hervé Castanet.

Appel des appels

Colloque : la passion évaluative
Samedi 13 mars 2010

http://www.appeldesappels.org/spip.php?article235

ESCP EUROPE
79 avenue de la République,
75011 Paris (Métro Saint‐Maur)

Une demi-journée de rencontres est prévue autour de la sortie du n°8 de la Nouvelle revue de psychosociologie : en première partie, l’idéologie évaluative en question avec une intervention de Roland Gori, et une seconde une réflexion sur les pratiques évaluatives : dérives et perspectives.

Il est de notoriété publique aujourd’hui que les pratiques d’évaluation multiples et variées tendent à envahir tous les niveaux de la société française, évaluations dans l’ensemble plus sommatives que normatives, parfois dans un délire quantophrénique et insidieusement normalisateur. Bien entendu, un refus absolu de l’évaluation serait à la fois suspect et naïf car aucun groupement ne peut s’instituer et durer s’il oublie de mettre au point certains indicateurs témoignant de ses choix. L’évaluation ne peut donc être totalement dissociée d’un jugement, lequel se réfère de près ou de loin à des règles, des valeurs ou des croyances plus ou moins claires. C’est pourquoi en cette période d’activisme évaluatif, il nous paraît important non seulement de faire le point sur les dérives, impasses et perversions actuelles de certaines pratiques et procédures, mais aussi d’explorer les conditions permettant de faire de l’évaluation un processus à la fois dynamique et créateur.


Contre l'uniforme mental. Scientificité de la psychanalyse face au neurocognitivisme
Gérard Pirlot











Pour l’auteur de cet essai engagé, le discours cognitivo-comportemental dans la psychologie clinique et la psychiatrie est une « lobotomisation théorique » et un « prêt-à-porter » intellectuel assorti au « politiquement correct » ambiant qui veut éliminer la réflexion apportée par la psychopathologie psychanalytique.

Or, selon lui, l’épistémologie scientifique de ce quantitativisme est obsolète concernant la vie psychique : du fait du développement des sciences de l'auto-organisation, des théories du chaos déterministe, du connexionnisme neuroscientifique et du darwinisme neuronal, c’est plutôt aujourd’hui l’œuvre théorique de Sigmund Freud et la psychanalyse qui se trouvent être en mesure de se voir reliées au domaine scientifique, en particulier celle des sciences de la complexité.

Après une critique du quantitativisme auquel conduit, dans la clinique, le neurocognitivisme actuel, l’ouvrage cherche à montrer combien nombre d’hypothèses freudiennes (sur l’associationnisme cérébral et psychique, la mémoire, le refoulement, l’inconscient, les liens entre émotion, souvenir et acte moteur, les fonctions du rêve) sont aujourd’hui validées par les neurosciences.

Portraits de femmes en analyste - Lacan et le contre-transfert
Gloria Leff











Sortie le: 26/11/2009
Editeur : Epel
Collection : Essais
Prix : 24 €


Ferenczi le notait déjà en 1924 : « Dans toute analyse normale, l’analyste joue, en effet, tous les rôles possibles, sans exception, pour l’inconscient du patient ; il ne tient qu’à lui de reconnaître ce rôle chaque fois au moment opportun et de s’en servir consciemment selon les circonstances . » Mais quand l’analyste endosse un rôle particulier, qu’est-ce qui se met en marche ? Qu’est-ce qui entre en jeu ? Comment la réussite ou l’échec d’une analyse pourraient-ils dépendre de cette représentation ? Lacan, dans le séminaire L’angoisse, dégage pour ces questions un abord d’une autre veine en relevant qu’une des analyses rapportées par une « femme analyste » avait réussi parce qu’elle avait fait jouer son contre-transfert. Le contre-transfert a toujours été un des thèmes les plus discutés entre analystes et ce, indépendamment de leur appartenance doctrinaire ou du groupe analytique dont ils se réclament. La condamnation de Freud en 1910 n’a pas endigué l’intérêt des analystes pour ce problème ; pas plus que le rejet de Lacan, et des lacaniens – qui eux ont essayé de rabattre l’affaire sur la notion du « désir de l’analyste »-, n’a pu, lui non plus, mettre un terme à cette question. En 1962-1963, la position de Lacan est beaucoup plus nuancée : il s’appuie sur une anecdote sur le Talmud pour circonscrire la spécificité de l’érotique analytique et reconnaître que psychanalyste et psychanalysant ressortent marqués de s’être trouvés « ensemble dans la cheminée ». Il reprend alors la problématique contre-transférentielle et la met dans la bouche (et sous la plume) de quelques « femmes analystes » pour contester le point où Freud a arrêté l’analyse. Avec l’écrit de l’une d’elles il montre que non seulement l’analyse peut être menée « au-delà de l’angoisse de castration », mais aussi de quoi est fait cet « au-delà » et à quelles conditions un analyste a pu y avoir accès.

Traduit par Béatrice Cano