blogspot counter

Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 5 décembre 2010

Des militantes féministes derrière une banderole, pour les 40 ans du mouvement féministe, à Paris, le 26 août 2010.
AFP/THOMAS COEX


Elles sont quelques centaines à se réunir depuis vendredi 4 décembre et pendant trois jours pour un "congrès international féministe" au "Palais de la femme" – cela ne s'invente pas – à Paris, à l'initiative de "40 ans de mouvement", une association créée en 2009 par quelques "historiques" du Mouvement de Libération des Femmes (MLF) dont la chercheuse en sciences politiques Françoise Picq, l'ancienne journaliste Martine Storti ou encore la sociologue Liliane Kandel.

Placé sous le signe "des mutations géopolitiques", ce congrès fait la part belle à la thématique internationale, avec les interventions de nombreuses chercheuses et militantes américaine, malienne, indiennes, maghrébines, etc.

Entre cheveux grisonnants et trentenaires de l'association "Osez le féminisme" prêtes à assurer la relève, l'objectif n'est pas de se raconter des histoires d'anciennes combattantes mais de tenter de confronter les mots d'ordre, les analyses, les revendications des années 1970 à la réalité des années 2010.

"Notre volonté n'est pas d'entamer un grand lamento ou de présenter un quelconque livre noir de la condition des femmes, résumait Martine Storti en ouverture des travaux du Congrès, vendredi, mais d'examiner les effets pour les femmes du monde tel qu'il est devenu". Rien de tel pour cela que de tirer le fil des combats des féministes d'hier et de les confronter à aux réalités du monde d'aujourd'hui.

"NOTRE CORPS NOUS APPARTIENT"


Les militantes de "40 ans de mouvement" ont choisi pour cela de centrer leurs débats sur les deux "fondamentaux du féminisme que sont le travail et la maîtrise du corps", a indiqué Mme Storti. Que reste-t-il du slogan "notre corps nous appartient" à l'heure du retour du religieux et de la "marchandisation" des corps, lisible à travers les mères porteuses par exemple ? Que reste-t-il des revendications féministes exigeant d'être libérées du travail domestique quand celui-ci est effectué par des migrantes ?

L'émancipation des femmes du nord est-elle en train de se réaliser sur le dos des femmes du "sud" ? Comment analyser le fait que les institutions internationales placent comme jamais la question des femmes au premier plan ? S'agit-il d'une avancée ou d'une instrumentalisation ?

Ces questions seront au cœur des débats de ce congrès qui veut relancer la discussion entre les militantes à un moment où le féminisme, "après le creux de vague des années 1980 semble saisi d'un renouveau à la faveur de la prise de conscience que tout n'est pas gagné", estime Mme Picq.

FÉMINISTES LAÏQUES ET FÉMINISTES MUSULMANES


Très présente, la question de l'islam promettait, dès vendredi matin, d'occuper une large part des discussions. Sana Ben Ashour, qui préside l'association tunisienne des femmes démocrates, a mis les pieds dans le plat en évoquant les divergences de fond qui opposent, dans tous les pays où l'islam est religion d'état, "les féministes laïques et universalistes" et "les féministes musulmanes".

Une militante féministe a été arrêtée le 15 octobre 2008 à Téhéran. Ici, des femmes assistent à un match de football dans la capitale iranienne le 10 octobre.
AFP/BEHROUZ MEHRI


Les premières sont accusées par les secondes, d'une part d'importer une vision occidentale, d'autre part de s'être alliées avec des pouvoirs autoritaires et enfin d'être élitistes. Un mauvais procès, infondé de surcroît, que cette juriste s'est appliqué à réfuter.

En France même, la loi sur le voile a mis les féministes à rude épreuve. Les divergences entre deux figures du mouvement féministe, Christine Delpy qui défend un féminisme aux côtés de l'islam et Anne Zelensky qui collabore à Riposte laïque, une association aux positions contestées, planent sur les débats.

Le Congrès international féministe ne s'en plaindra pas, au contraire, ses organisatrices estimant nécessaire de comprendre, comme le soulignait Mme Storti, "ce qui est arrivé au féminisme français".
Brigitte Perucca

Le programme du congrès est accessible sur http://re-belles.over-blog.com/article-40-ans-du-mlf-congres-international-feministe-60015276.html


Aucun commentaire: