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mercredi 18 août 2010

LES LIVRES DE LA PSYCHANALYSE

La dépression, affect central de la modernité

Cinzia CROSALI CORVI

Parution : mai 2010 – PU de Rennes – Prix : 20 €

L’époque moderne nous confronte à une multiplication grandissante des affects dépressifs. Plus les objets de consommation produits par la science circulent sur le marché en promettant le bonheur et plus il est difficile pour l’être parlant d’atteindre à la satisfaction de sa demande. Ce paradoxe caractérise notre modernité, qui se révèle productrice à la fois d’objets de plus en plus performants et de ce malaise inquiétant de la civilisation appelé : dépression.

Tout le monde peut à un moment donné de sa vie se dire déprimé. Pour la psychanalyse lacanienne, la dépression n’est pas une maladie biologique, elle n’est pas non plus un symptôme, mais un affect. Elle découle de la difficulté pour chaque sujet de mettre en résonance le signifiant avec la jouissance, de conjuguer le symbolique avec le réel. Elle signale un débranchement d’avec le discours, donc d’avec le lien social. La dépression a des liens étroits avec l’angoisse puisque l’état dépressif exprime le retrait du sujet face à l’angoisse et au surgissement de l’objet qui cause son désir. Désarrimé de l’objet, le sujet n’arrive plus à saturer sa jouissance par son symptôme. Seul un diagnostic différentiel des états dépressifs permet une pratique clinique tenant compte de la structure de chaque sujet.
La boussole de cette clinique de l’affect dépressif est « l’objet cause du désir », à distinguer de l’objet du désir. Loin d’un objectif de normalisation, le traitement psychanalytique des sujets, définis par le discours moderne comme « déprimés », valorise la potentialité de chacun vers des solutions inédites et particulières à chaque sujet.

Ce livre veut démontrer que, face aux protocoles standards d’évaluation de l’humeur qui définissent la dépression à partir de l’effet des antidépresseurs, privilégiant ainsi une causalité organique, la psychanalyse propose une clinique du cas par cas, une clinique pour laquelle la singularité des modes de vie (des modes de jouissance) d’un sujet, a la priorité sur les modalités de recaptation neuronale de la sérotonine.

Cinzia Crosali Corvi, née à Fidenza près de Parme, est psychologue clinicienne, psychanalyste et criminologue. Elle vit en France où elle exerce en tant que psychanalyste, associant sa pratique à une activité de recherche au sein de l’École de la Cause freudienne. Ce livre est le résultat d’une thèse de Doctorat en psychanalyse, réalisée en co-tutelle avec l’Université Paris-8 et l’Université de Bergame (Italie) sous la direction du professeur Pierres-Gilles Gueguen et du professeur Pietro Barbetta. Thèse soutenue à l’Université de Paris-VIII sous la présidence du professeur Jean-Claude Maleval.

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