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mercredi 21 juillet 2010





Réduction des risques chez les usagers de drogues : une politique à revoir

A la demande du ministère de la Santé, un groupe d’experts de l’INSERM vient de rendre ses conclusions sur l’efficacité de la politique menée chez les usagers de drogues. Et formule une série de recommandations.


Vingt ans après sa mise en place en France, « la prévalence des hépatites C touchant près de 60 % des usagers, de nouvelles populations échappant aux dispositifs existants ainsi que la survenue de nouvelles pratiques à risque sont autant de paramètres imposant d’adapter la politique de réduction des risques (RDR) », conclut l’expertise de l’INSERM rendu publique aujourd’hui. Pour répondre à la demande adressée par la ministre de la Santé en 2008, un groupe de 14 experts constitué par l’INSERM a analysé près de 1 000 articles, auditionné plusieurs intervenants et organisé plusieurs rencontres-débats avec les associations et les représentants des usagers de drogue.

La politique de réduction des risques (accès élargi au matériel d’injection, aux traitements de substitution aux opiacés, au dépistage du VIH et aux traitements antirétroviraux) a permis de réduire « drastiquement » l’incidence de l’infection par le VIH et le nombre de décès liés à l’usage de drogues. Mais les résultats restent insuffisants sur l’infection par le VHC.

Le groupe d’experts formule une série de recommandations : « promouvoir la cohérence et l’articulation des différentes politiques publiques sanitaires, sociales et pénales pour rendre efficace toute stratégie de réduction des risques » ;« promouvoir une égalité d’accès aux dispositifs » pour l’ensemble des usagers de drogues ; « adapter le dispositif » à la spécificité des populations (notamment à l’émergence d’une nouvelle population de jeunes usagers de psychostimulants en milieu festif et dans les quartiers populaires et les banlieues et précaires vivant dans des squats collectifs) ; « adapter les outils et les approches à l’évolution des substances et nouvelles modalités de consommation » ; « élargir la palette des mesures et des approches », avec notamment les CIS (centres d’injection spécialisés) qui devront faire l’objet d’une étude préalable afin de déterminer s’ils répondent à des besoins spécifiques.

Parmi les autres mesures proposées, le groupe souhaite que les besoins des femmes soient reconnus avec des services qui prennent en compte leurs risques spécifiques ; elles représentent désormais un tiers des usagers d’opiacés au niveau européen. De même une politique RDR doit être définie en milieu pénitentiaire.

Le ministère de la Santé « va analyser les mesures qui ont démontré leur efficacité à l’étranger, apprécier si elles peuvent s’appliquer en France », a affirmé Roselyne Bachelot. Ces analyses « se feront en concertation avec les acteurs concernés, les associations, les professionnels de santé et les institutionnels. Les décisions seront alors prises », a-t-elle ajouté. De leur côté, Aides et Médecins du monde, demandent que les mesures soient rapidement mises en œuvre. « La réflexion ne doit plus empêcher l’action », soulignent-elles.

› Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Quotimed.com, le 02/07/2010

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