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dimanche 8 novembre 2009




Un cas de désobéissance clinique

Créé le 03.11.09
Quel avenir se profile pour la pratique psychiatrique ? « On ne va pas revenir cinquante ans en arrière avec des grosses structures fermées », pronostique Marylène Fabre, médecin inspecteur en psychiatrie auprès de la Ddass. Sans aller jusqu'à ce genre de réformes, la loi Hôpitaux, patients, santé et territoires (HPST) provoque néanmoins quelques craintes auprès du personnel. « La nouvelle forme de gouvernance inquiète, les soignants ont peur de perdre une certaine autonomie », témoigne Marylène Fabre.

Surtout depuis que le docteur Pierre Paresys (lire l'interview ci-dessous), un chef de service de l'établissement public de santé mental (EPSM) de Bailleul a été démis de ses fonctions en juillet par l'agence régionale de l'hospitalisation (ARH). Contacté pour expliquer les raisons de cette décision, l'ARH n'a pas donné suite.


« Il n'avait pas de projet pour son service et un bilan qui ressemblait à un réquisitoire contre les projets gouvernementaux », assure Jean-Jacques Montagne, directeur de l'EPSM de Bailleul. Derrière cette sanction se cacheraient donc, entre autres, les prises de position radicales du docteur Paresys contre la politique « libérale » de la santé. « C'est un bon médecin, mais avec un caractère entier. Il est capable de débarquer dans un conseil d'administration de l'ARH avec une pancarte intitulée menteur », explique Jean-Jacques Montagne.


Le personnel semble, en tout cas, solidaire de son ancien chef de service. Sans candidat pour le remplacer, le docteur Paresys assure lui-même sa succession par intérim depuis déjà un mois.

Gilles Durand

« Vers un développement du carcéral »

Créé le 03.11.09


On vous reproche de ne pas avoir présenté de projet pour les cinq prochaines années...


On me reproche surtout d'avoir dénoncé la dérive comptable de la réforme hospitalière. On navigue dans le culte de la mesure et de l'évaluation. Or, la psychiatrie, c'est avant tout passer du temps avec les patients. Et ça ne se mesure pas. La tarification à l'activité est inadaptée en psychiatrie. Aujourd'hui, je peux encore dire à un patient que je n'ai aucun intérêt à le garder plus longtemps, car je ne suis pas payé plus. Bientôt, ce ne sera peut-être plus le cas.


Pourquoi ?


Parce que la logique comptable voudra qu'on s'intéresse aux cas les plus « rentables ». Les établissements chercheront à hospitaliser davantage pour justifier leur budget. L'autre danger, c'est qu'avec moins de personnel, on s'oriente vers un développement du carcéral. C'est-à-dire un retour en arrière.


Rien dans la loi Bachelot ne préconise cette évolution...


Bien sûr, le gouvernement n'attaque pas de front, il fragilise. Prenez par exemple le projet de spécialisation des services. Depuis les années 1960, la psychiatrie mène une politique de secteur géographique avec l'idée d'un dispositif complet pour une population donnée. C'est cohérent. Si quelqu'un se présente chez nous, on est obligé de s'en occuper. Et il y a aussi une garantie de continuité de soins. Avec des structures spécialisées, j'ai bien peur que chacune ait la tentation de se débarrasser des patients dont la prise en charge apparaît lourde, difficile et coûteuse.


Le code de déontologie ne doit-il pas éviter ce genre de dérives ?


Le code de déontologie est insoluble dans la loi Bachelot. Il supprime les instances démocratiques dans les centres pour les remplacer par des instances usine à gaz coûteuses. On se dirige vers une médecine à l'américaine. On aura tendance à retarder les soins. Or, aux Etats-Unis, 15 % du PIB est consacré à la santé, contre 10 % en France. Et 40 millions d'Américains ne sont pas pris en charge. W


Reccueilli par G. D

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