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jeudi 20 août 2009

ARMENTIÈRES
Mon fils, ce schizophrène
Publié le mercredi 19 août 2009 à 06h00
http://www.nordeclair.fr/Actualite/Justice/2009/08/19/mon-fils-ce-schizophrene.shtml

Schizophrène ou « borderline », en tout cas instable, cet homme de 35 ans réclame son argent de poche au couteau, séquestre sa mère de 74 ans. Délogé par le GIPN, il part en hôpital psychiatrique.

Massif mais empâté, le cou penché à angle droit du dos offrant un profil de vieillard, un phrasé d'enfant rechignant à avouer ses bêtises, Hervé B. ne passe pas inaperçu. Avocat et procureure s'accordent sur le « malaise » de la situation. Car les faits sont très graves.
Le 11 mars dernier, le jeune homme réclame un peu de liquide à ses parents. Régulièrement, il les menace pour parvenir à ses fins. Les parents, conscients de ses troubles psychiatriques - il ingurgite 10 sortes de médicaments chaque jour -, lui passent ses excentricités. Mais le climat est malsain. Plus tôt, il avait étranglé sa mère, lui disant « en rigolant », « je vais te tuer et te mettre dans un cercueil ».

Il rattrape son père de 77 ans, le met au sol, le frappe
Cette fois, il n'attend même pas la réponse, attrape un couteau et le brandit contre sa mère de 74 ans. Son père, 77 ans, tente timidement de s'interposer. Face à l'insensé molosse, il préfère fuir. Son fils lui court après, le met au sol et le frappe. Il tente même de le rapatrier à l'intérieur puis se ravise et s'enferme avec sa mère. Volet baissé. Trois longues heures. Un négociateur est envoyé ; le GIPN doit intervenir. Jouant de sa crédulité, un policier entre dans l'appartement déguisé en agent du Samu puis maîtrise l'individu à coup de Taser. Le prévenu sera envoyé d'office pendant 4 mois en hôpital psychiatrique.
Son geste, il l'explique confusément. « Je l'ai pas frappé, j'ai fait du chantage. Et puis mon père a pris le couteau et m'a piqué... » Lorsque la présidente Reliquet lui demande pourquoi il voulait de l'argent, ce dernier répond : « C'était mon anniversaire. - Et vous vouliez acheter quoi ? - De la vodka et du cannabis. » Hervé Belot a déjà été condamné pour des faits de violences. Deux expertises concluent à une altération de la responsabilité, même si l'une le dit victime de schizophrénie quand l'autre évoque un « état limite » ou « borderline ». Il confie quand même aux deux psys avoir « souvent envie de tuer des gens ». La présidente Reliquet lance une perche : « Comment nous convaincre que vous ne recommencerez pas ? » À laquelle il répond : « Bah, mes parents sont partis en maison de retraite. » Badaboum.
Dans un brillant mais long, lent, lancinant réquisitoire, la procureure Courtalon procède à une admirable relecture de l' Histoire de la folie à l'âge classique avant de ménager l'impératif de dissuasion et celui de compréhension en requérant 16 mois de prison, dont 10 avec sursis. Tout aussi brillant, Me Simon Perot fait le procès du régime de psychiatrie à domicile « qui consiste à dire aux malades "devenez votre propre gardien". » « Mon client ne peut pas porter la responsable de la disparition des psychiatres de tournée, de la fermeture un à un des centres spécialisés ! S'il va en prison, il verra quatre fois la psy. Vous croyez qu'il va sortir stabilisé ? » C'est dépité qu'il écoute le jugement : deux ans de prison dont un an avec sursis.
NICOLAS CAMIER > nicolas.camier@nordeclair.fr

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